Il fut un temps où l’on pouvait déplacer son argent d’un livret à l’autre sans même y réfléchir. Cette habitude disparaît peu à peu. Les banques ont serré la vis, et beaucoup découvrent au guichet ou en ligne que certaines opérations ne passent plus. Derrière cette interdiction d’un virement entre comptes, il y a de nouvelles règles, des enjeux de sécurité, et parfois de vraies complications dans la gestion de ses économies.
Interdiction d’un virement entre comptes : pourquoi les règles changent
Le monde bancaire n’aime pas les zones d’ombre. Depuis quelques années, les autorités financières françaises et européennes ont décidé de verrouiller les mouvements d’argent. L’objectif est double :
- protéger les clients contre les fraudes
- et offrir aux banques une meilleure visibilité sur la circulation des fonds.
La DSP2, entrée en vigueur en Europe, a été un déclencheur fort de ce virage réglementaire.
Avant ces ajustements, il était facile de faire circuler des sommes entre livrets d’épargne, sans jamais passer par son compte courant. Un Livret A pouvait alimenter un LDDS en deux clics. Cette liberté a pris fin. Les régulateurs ont considéré que l’absence de contrôle ouvrait la porte aux détournements. L’interdiction d’un virement entre comptes n’est donc pas un simple caprice administratif. Elle découle d’une volonté de fermer une brèche utilisée par des fraudeurs.
Quels types d’opérations sont désormais bloqués ?
Les règles sont claires : impossible de transférer directement de l’argent entre deux livrets, même s’ils appartiennent au même titulaire. Toute transaction doit transiter par un compte courant identifié. Cela vaut aussi pour les comptes sur livret fiscalisés et les comptes à terme. Autrement dit, même au sein d’une seule banque, la circulation directe entre produits d’épargne n’existe plus.
Un exemple concret illustre bien la situation. Vous voulez déplacer 500 € de votre LDDS vers votre Livret A ? Vous ne pouvez pas. L’argent doit d’abord arriver sur votre compte courant, puis repartir vers le second livret. Cette étape supplémentaire ne change rien au résultat final, mais elle rallonge le processus.
L’interdiction d’un virement entre comptes frappe aussi les relations familiales. Alimenter directement le Livret Jeune d’un enfant majeur ou envoyer un coup de pouce à un proche via son livret n’est plus autorisé. Seule exception : les livrets d’enfants mineurs, gérés sous l’autorité légale d’un parent. Pour tous les autres cas, les virements échouent systématiquement. Cette rigidité surprend, surtout dans des familles habituées à se soutenir via des virements épargne.
Quels comptes sont concernés par ces limitations ?
Les livrets réglementés, comme le Livret A, le LDDS, le LEP et le Livret Jeune, figurent en tête de liste. Leur régime fiscal avantageux les rend particulièrement sensibles aux contrôles. Les comptes sur livret classiques et les comptes à terme n’échappent pas non plus à la règle. Là encore, tout mouvement doit transiter par le compte principal.
Cette exigence renforce la traçabilité. Chaque entrée et sortie d’argent laisse une trace claire, facilement exploitable en cas de litige ou de fraude. Les banques y trouvent un outil de surveillance efficace, et les autorités une arme supplémentaire contre le blanchiment. Mais pour l’épargnant, cette interdiction d’un virement entre comptes ressemble parfois à une entrave inutile.
Un point mérite l’attention : certains clients découvrent aussi de nouveaux délais. Le temps de faire transiter les fonds par le compte courant peut ralentir des opérations qui, hier, étaient quasi instantanées. Pour des arbitrages rapides entre placements, cette lenteur devient un vrai handicap. Les plus prudents apprennent à anticiper pour ne pas se retrouver bloqués.
Comment s’adapter à ce nouveau cadre ?
Face à ce durcissement, le seul réflexe efficace est d’adopter les nouvelles règles. Chaque virement doit suivre le schéma imposé : retrait du premier compte, passage par le compte courant, transfert vers le second. Que l’opération soit ponctuelle ou régulière, rien n’échappe à ce mécanisme.
Cette logique a un mérite : elle sécurise. Si une fraude survient, l’origine et la destination des fonds sont immédiatement identifiables. Les clients sont mieux protégés et les banques disposent d’un filet de sécurité supplémentaire. Mais au quotidien, la contrainte pèse. Ce n’est pas rare de voir un particulier s’énerver face à son écran, incapable de comprendre pourquoi une transaction refuse de s’exécuter.
Mieux vaut discuter avec son conseiller pour clarifier les démarches et éviter de perdre du temps. Certains établissements accompagnent désormais leurs clients en publiant des guides pratiques. D’autres intègrent dans leurs applications des rappels automatiques sur la bonne marche à suivre. Tout est fait pour limiter les frustrations, même si la rigidité de l’interdiction d’un virement entre comptes reste difficile à avaler pour ceux qui aimaient jongler librement entre leurs livrets.