Une influenceuse refusée d’un restaurant parisien en raison de son « prénom », un cas loin d’être unique

Son témoignage choque les réseaux sociaux et relance le débat sur les discriminations encore bien présentes dans la capitale.

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Une influenceuse dénonce avoir été refusée dans un restaurant parisien simplement à cause de son « prénom africain ».

Une soirée d’anniversaire qui vire au cauchemar. Une réservation validée pour l’une, refusée pour l’autre, avec pour seul motif apparent… le prénom. Devant sa caméra, Yacine, connue sous le nom de Nakya Mami, raconte son histoire. Sa vidéo devient virale, et l’influenceuse refusée d’un restaurant parisien soulève une question qui dépasse son cas personnel : celle des discriminations encore bien présentes dans certains établissements de la capitale.

Quand un prénom change tout

L’histoire commence simplement. Elle repère un restaurant parisien, verrière séduisante, ambiance parfaite pour fêter son anniversaire entourée d’amis. Elle réserve, au nom de Yacine, et reçoit rapidement un appel du restaurant. Le ton est poli, mais le message froid : plus de place disponible en verrière, trop de demandes, désolées. Sauf que sur le site officiel, les créneaux sont encore là, bien visibles. Une incohérence qui lui laisse un goût amer.

Elle insiste, fait remarquer la contradiction, et attend en ligne. Sept longues minutes, comme si l’interlocutrice cherchait une excuse supplémentaire. Son intuition se renforce : quelque chose cloche. Pour en avoir le cœur net, elle propose à une amie de réserver à son tour, avec un prénom « plus français ». Cette fois, par miracle, la table est acceptée. Pas de souci, pas de surbooking soudain. Une douche froide. Le doute devient certitude.

Sur ses réseaux, l’influenceuse refusée d’un restaurant parisien raconte tout, preuves à l’appui. Elle filme ses échanges, partage les appels, expose l’affaire à ses 227 000 abonnés. Son message est clair : il s’agit d’une discrimination liée au prénom. Ses mots sont durs, parfois tranchants. Sous l’émotion, elle reconnaît avoir insulté son interlocutrice. Un regret qu’elle confie plus tard, consciente que ce dérapage pourrait servir à la décrédibiliser.

La polémique enfle, la justice reste loin

Les réactions ne se font pas attendre. Sa vidéo dépasse les 800 000 vues en quelques heures, reprise par les médias, commentée dans tous les sens. Elle devient l’influenceuse refusée d’un restaurant parisien, symbole d’une pratique dont beaucoup soupçonnaient l’existence, mais que peu osaient dénoncer frontalement. Pourtant, malgré ce bruit médiatique, elle ne dépose pas plainte.

Elle l’explique sans détour : son dossier est fragile. Les faits sont parlants pour le grand public, moins pour un tribunal. Elle craint une bataille judiciaire longue, coûteuse, et peut-être perdue d’avance. L’idée de devoir payer des dommages et intérêts en retour la hante. Alors, elle choisit une autre arme : la visibilité. Pour elle, le plus efficace est d’exposer publiquement ce qu’elle considère comme une injustice, pas de s’enfermer dans une procédure incertaine.

Dans les médias, son témoignage trouve un écho. Konbini relaie son récit. Le Parisien donne la parole à la jeune femme, qui insiste sur son objectif : dénoncer une réalité, pas « faire le buzz ». Elle sait qu’elle marche sur une ligne étroite, entre légitimité et scepticisme. Mais elle assume le risque.

Un problème qui dépasse son histoire

Cette affaire ne surprend pas totalement les spécialistes. Le professeur Jean-François Amadieu rappelle que les discriminations au prénom, à l’origine ou à l’apparence existent déjà dans le logement, l’emploi, les boîtes de nuit. Les restaurants, selon lui, n’échappent pas à cette logique de filtrage de clientèle. Derrière l’argument du « concept », certains établissements décident tout simplement qui a le droit de franchir la porte et qui ne l’a pas.

Les exemples ne manquent pas. L’Avenue, en 2018, épinglée pour des consignes discriminatoires sur les réservations. Le Matignon, en 2020, accusé d’avoir refusé une cliente voilée. La Pause Parisienne, en 2021, accusée d’écarter des clients noirs. Le Manko, en 2022, refuse l’entrée à des clients sous prétexte de tenue inadaptée. À chaque fois, les établissements invoquent un malentendu, une erreur de jugement. Toutefois, les témoignages s’accumulent.

La loi française est pourtant claire. Refuser l’accès à un service pour un motif discriminatoire peut coûter jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Le gouvernement affirme être mobilisé contre ces pratiques. Il rappelle son plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Mais dans les faits, les preuves restent difficiles à établir. Et peu d’affaires aboutissent devant les tribunaux.

Alors, les réseaux deviennent la tribune de celles et ceux qui veulent briser le silence. Cette influenceuse l’a bien compris. Son histoire choque, énerve, mais elle met en lumière une vérité dérangeante : à Paris, derrière les vitrines élégantes et les cartes alléchantes, certains lieux choisissent encore leurs clients en fonction d’un prénom.

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