À en croire les rumeurs de la presse, le prince Harry traverse un divorce douloureux. Le père de famille s’engage dans un nouveau combat…
Il y a des histoires qui ressemblent à des tragédies modernes. On croit voir une cause noble briller, puis on assiste, impuissant, à son effondrement sous le poids des querelles humaines. L’affaire du prince Harry et de son ONG Sentebale illustre parfaitement cette fracture entre l’idéal et la réalité. Une cause juste, des enfants qui attendent une aide vitale… et, au milieu, une tempête d’accusations, de rivalités et d’ego.
Une ONG au cœur de la tourmente
Sentebale n’était pas une association comme les autres. Fondée il y a presque vingt ans par le prince Harry et le prince Seeiso du Lesotho, elle portait une promesse. Celle d’aider les enfants fragilisés par le sida en Afrique australe. Pendant des années, elle a levé des fonds, construit des programmes. Elle a tendu la main à des communautés invisibles aux yeux du monde. Mais en mars dernier, tout a basculé. Le fils cadet du roi Charles III a quitté brutalement la présidence d’honneur de « son » ONG, secoué par des accusations de harcèlement et de comportements discriminatoires lancées par Sophie Chandauka, avocate zimbabwéenne devenue présidente de l’association.
La crise aurait pu se régler en silence, loin des caméras. Au lieu de ça, elle s’est muée en règlement de comptes public. Démissions, déclarations enflammées, accusations de racisme et de misogynie d’un côté, démentis furieux de l’autre. Le régulateur britannique des associations, saisi pour arbitrer, a tranché début août : aucune preuve de harcèlement systémique ni de comportements racistes n’a été trouvée. Mais le constat reste sévère : un conflit mal géré, livré à l’opinion, qui a abîmé Sentebale et détourné l’attention de sa mission première.
Sentebale : le départ amer du prince Harry
Pour le prince Harry, ce verdict a le goût amer d’une bataille perdue. Officiellement blanchi de toute faute grave, il n’a pourtant pas retrouvé sa place au sein de l’organisation. Fin mars déjà, il annonçait son retrait, une décision forcée par l’effondrement du conseil d’administration. Le duc de Sussex s’est retrouvé renvoyé dos à dos avec sa présidente par la Charity Commission, comme deux enfants querelleurs incapables de gérer leurs différends en interne. Pour un homme qui avait bâti Sentebale à partir d’un deuil personnel – celui de sa mère, Diana, qui l’avait sensibilisé très tôt au sida –, la blessure est profonde.
Dans un communiqué, son porte-parole a dénoncé un rapport injuste. Selon lui, les vrais perdants de cette affaire ne sont ni Harry, ni Chandauka, mais les enfants qui dépendent du soutien de Sentebale. Ce ton n’a rien d’anodin. Il traduit une colère rentrée, mais aussi une lassitude. Le prince laisse entendre qu’il continuera à soutenir les enfants du Lesotho et du Botswana, mais par d’autres moyens, en marge d’une ONG qu’il ne reconnaît plus vraiment. Derrière les formules polies, on devine une rupture consommée.
Quand la cause s’efface derrière le scandale
Cette crise dépasse les noms propres. Elle interroge la manière dont les ONG, surtout celles adossées à des personnalités médiatiques comme le prince Harry, gèrent leurs conflits internes. L’affaire Sentebale révèle un problème de gouvernance chronique : flou dans les responsabilités, luttes de pouvoir, incapacité à régler les désaccords à huis clos. Résultat, une réputation entachée, une confiance qui s’effrite, et surtout, un silence coupable autour de ceux qui comptent vraiment : les bénéficiaires.
Sophie Chandauka se dit « soulagée » par les conclusions du régulateur, estimant qu’elles confirment ses alertes sur la mauvaise gestion. Mais son triomphe reste fragile : le rapport note surtout un manque de clarté dans l’organisation et ne l’innocente pas davantage qu’il n’accuse Harry. Des perceptions de mauvais traitements persistent, des blessures restent ouvertes, et l’ombre d’autres recours plane encore, notamment devant des organismes de médiation indépendants.
La Charity Commission a tendu un plan de réforme à l’association, exhortant toutes les parties à cesser les guerres d’ego et à se recentrer sur leur mission. Mais la question demeure : Sentebale peut-elle vraiment se relever après avoir perdu son visage le plus emblématique ? Peut-elle reconquérir la confiance des donateurs et des communautés locales, quand l’opinion mondiale ne retient que l’image d’une querelle publique entre un prince et une présidente ?
Pour l’instant, rien n’est sûr. Une certitude demeure, pourtant : au Lesotho, au Botswana, des enfants continuent d’attendre des soins, un soutien, une écoute. Et eux ne se soucient ni des règlements de comptes ni des rapports officiels.