Société à l’étranger : la Cour des comptes révèle l’ampleur des fraudes au Maroc et en Algérie et appelle à un renforcement des contrôles

L’évasion fiscale vers certains pays siphonne des milliards. Elle fragilise nos services publics et nourrit une concurrence déloyale et silencieuse.

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Depuis quelques mois, un mot revient avec insistance : fraude aux pensions de retraite à l’étranger. Derrière ce terme technique se cachent des histoires de détournements, de fausses identités, de décès non déclarés. Autant de pratiques qui fragilisent un système déjà sous tension. Les autorités sonnent l’alerte, car ces abus ne sont pas marginaux : ils coûtent cher et sapent la confiance des citoyens.

Fraude aux pensions de retraite à l’étranger : des mécanismes bien rodés

La Cour des comptes a levé le voile sur une réalité dérangeante. Le système français de retraite, conçu pour protéger et accompagner, devient une cible. Trois procédés reviennent sans cesse :

Derrière ces pratiques, souvent orchestrées depuis l’étranger, des millions d’euros s’évaporent chaque année.

En 2022, la police aux frontières a passé au crible 2 500 dossiers. Résultat : 2,27 % d’entre eux contenaient des documents douteux. Un chiffre qui peut sembler modeste, mais qui prend un tout autre sens lorsqu’on observe la répartition. La fraude aux pensions de retraite à l’étranger touche massivement certains pays, notamment le Maghreb. Les statistiques sont claires : 6 % des dossiers concernent des personnes nées au Maroc, mais elles représentent 22 % des anomalies. En Algérie, 4 % des dossiers deviennent 14 % des cas problématiques.

Maghreb, Portugal, Espagne : zones sensibles

Ces chiffres ne sont pas une simple coïncidence. La Cour des comptes y voit un indicateur de risque, appelant à des contrôles ciblés. Sur 77 % des pensions versées hors de France, une large majorité se concentre dans six pays. L’Algérie à elle seule pèse 31 % des bénéficiaires, le Maroc 6 %, la Tunisie 3 %. À cela s’ajoutent des pays européens comme le Portugal, l’Espagne, l’Italie ou la Belgique, très prisés des retraités français.

La logique est simple : plus la concentration est forte, plus les contrôles deviennent efficaces s’ils sont bien orientés. Dans ce contexte, la fraude aux pensions de retraite à l’étranger ne relève plus d’exceptions isolées, mais d’un problème structurel. La Cour invite l’État à renforcer ses vérifications administratives, et les témoignages d’agences locales confirment la nécessité de procédures plus strictes. Certains retraités se sont vu réclamer des justificatifs de vie ou des convocations physiques pour prouver leur existence, un dispositif perçu comme contraignant, mais indispensable.

Coopération et avenir du système

Entre 2020 et 2023, la France a lancé des campagnes massives de vérification. Plus de 6 500 retraités ont été convoqués, dont 4 000 en Algérie et 2 500 au Maroc. Les résultats de ces opérations sont sans appel. Elles réduisent les abus et permettent de sécuriser les fonds. Mais elles ne suffisent pas. La Cour insiste : seule une coopération internationale solide pourra enrayer durablement le problème.

Échanges automatiques de données d’état civil, meilleure traçabilité des décès, harmonisation des registres administratifs… Ces mesures peuvent sembler techniques, mais elles représentent le cœur de la bataille. Le but est clair : garantir que chaque pension versée corresponde bien à un retraité vivant et légitime. Sans ces garde-fous, le système perd sa crédibilité. Et avec lui, la confiance des cotisants, déjà ébranler par d’autres débats autour des retraites.

La fraude aux pensions de retraite à l’étranger met en lumière une vulnérabilité qui n’a rien d’anecdotique. Chaque euro détourné est un euro en moins pour ceux qui en ont réellement besoin. Derrière les chiffres et les rapports, il y a des vies fragilisées par des abus tolérés trop longtemps. En durcissant les contrôles, en coopérant avec les pays concernés, la France joue bien plus qu’une bataille comptable : elle défend l’équité entre générations.

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