Sébastien Lecornu s’apprête à supprimer plusieurs délégations interministérielles, dont celle du SNU

Cette décision marque un tournant pour l’organisation de certaines missions étatiques jugées coûteuses.

Publié le

Sébastien Lecornu annonce la suppression de plusieurs délégations interministérielles, dont celle dédiée au service national universel.

Les annonces tombent, sèches, presque froides. Sébastien Lecornu taille dans les structures de l’État sans détour. Au milieu de la liste, un nom surprend : le Service national universel. Une page s’apprête à se tourner, même si le gouvernement insiste sur la continuité. L’impression reste pourtant celle d’un virage brutal, comme un coup de frein lancé en pleine descente.

Le Service national universel dans la tempête

Présenté comme une grande promesse d’Emmanuel Macron, il a été créé en 2019. Le hic ? Le Service national universel n’a jamais cessé de diviser. Certains y voyaient un outil pour renforcer la cohésion de la jeunesse. Pour d’autres, c’est un dispositif trop lourd et mal pensé. Dès son lancement, il a soulevé des critiques. La Cour des comptes a dénoncé des coûts démesurés, les parlementaires ont pointé son manque de résultats, et les chiffres de participation n’ont jamais suivi les ambitions affichées.

La décision annoncée ce 19 septembre, sous couvert d’efficacité budgétaire, confirme que quelque chose ne tenait plus. Le budget, déjà raboté en 2025, avait fondu de moitié par rapport à l’année précédente. De 160 millions, il était tombé à 65. Autant dire une mise sous perfusion. Derrière la communication officielle qui parle de « transformation », chacun comprend qu’on prépare une sortie progressive. Matignon a beau marteler que « la suppression d’un organisme n’est pas la suppression d’une politique publique », la nuance sonne un peu creuse. Les mots masquent à peine le constat : le Service national universel n’a jamais trouvé sa place.

Une réforme sous pression

Pour donner du sens à ce coup de balai, l’exécutif met en avant une mission baptisée « État efficace ». Derrière ce nom technocratique, une idée claire : regrouper, fusionner, rationaliser, couper. En clair, faire des économies et montrer que l’appareil d’État peut se serrer la ceinture. Lecornu a confié la tâche à deux hauts fonctionnaires chevronnés, Pierre-Mathieu Duhamel et Denis Morin. Leur mission : repérer les doublons et réduire la voilure.

La suppression de la délégation chargée du Service national universel n’est pas isolée. Disparaissent aussi celles liées au suivi du « Varenne agricole de l’eau », celle aux restructurations d’entreprises, ou encore celle sur la forêt et le bois. Même le monde du sport n’est pas épargné : la délégation aux grands événements sportifs, ainsi que les postes créés pour les Jeux olympiques, sont intégrés ailleurs. Tout cela raconte une même histoire : l’État resserre la voilure et recentre ses moyens.

Dans ce grand ménage, le gouvernement avance une promesse : remplacer le SNU par un « service militaire volontaire ». Emmanuel Macron en avait parlé dès le printemps, évoquant un dispositif plus concret, plus encadré par l’armée. Reste à voir si ce projet séduira davantage, ou s’il rejoindra rapidement la liste des bonnes intentions restées sans suite. Derrière les mots, une réalité demeure : la jeunesse, censée être au cœur de ces dispositifs, observe tout cela avec un mélange de curiosité et de lassitude. On lui promet une refonte, mais elle attend des actes.

Un pari risqué pour l’exécutif

En filigrane, c’est aussi l’image du président qui se joue. Emmanuel Macron avait porté le Service national universel comme un symbole, presque une marque de son quinquennat. Le voir réduit à une structure en extinction, remplacée par un dispositif encore flou, donne une impression d’échec. Certes, Matignon jure que la politique publique reste. Mais l’opinion retient surtout que l’expérimentation phare de 2019 n’a pas résisté au temps ni aux contraintes budgétaires.

Sébastien Lecornu prend le risque d’assumer ce virage. Il mise sur un discours d’efficacité, sur la promesse d’un État mieux organisé. Le message peut séduire une partie de l’électorat, lassée des doublons administratifs et des gaspillages. Mais il peut aussi nourrir une critique plus dure : celle d’un gouvernement qui coupe sans offrir de perspectives claires. Le « service militaire volontaire » annoncé devra convaincre rapidement, sous peine d’apparaître comme une coquille vide.

Au fond, cette histoire illustre un dilemme permanent : comment concilier rigueur budgétaire et ambition politique. Le Service national universel, censé rassembler, finit par symboliser cette tension. Trop cher pour les finances, trop bancal pour les jeunes, trop lourd pour durer. Une idée qui avait tout pour séduire, mais qui s’éteint doucement, remplacée par une promesse encore fragile.

Faites passer le mot : partagez cet article avec vos proches.