« Pour Eric Dupond-Moretti, la grande menace qui hante la France, ce n’est pas l’insécurité ou l’immigration, mais le Rassemblement national », blâme Noémie Halioua

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Quand Éric Dupond-Moretti désigne le Rassemblement national comme menace majeure, Noémie Halioua riposte et enflamme le débat.

Une phrase suffit parfois à rallumer une querelle française. Des mots posés sur une antenne, repris, commentés, critiqués. L’opinion se divise, les réactions s’enchaînent, les journalistes s’affrontent. Dans ce tumulte, Eric Dupond-Moretti place sa cible au centre du jeu politique : le Rassemblement national.

Eric Dupond-Moretti, un adversaire déclaré de l’extrême droite

Depuis qu’il a quitté la robe d’avocat pour la veste ministérielle, il n’a jamais caché sa ligne. Son ennemi désigné reste l’extrême droite, qu’il présente comme une menace pour la démocratie et les institutions. Dans chaque discours, la même conviction : il faut barrer la route au Rassemblement national.

En 2021, il tente l’aventure électorale dans les Hauts-de-France. Sa promesse est directe, presque brutale : « virer » le parti de Marine Le Pen. Mais la campagne s’achève sur un score humiliant, 8,7 % au premier tour. Une défaite qui l’écarte du jeu régional, mais qui renforce sa posture nationale. Depuis, il répète son message, quitte à donner l’impression d’avoir trouvé sa bête noire. L’adversaire sert de fil rouge, une manière de structurer sa parole publique, entre conviction et stratégie.

Son parcours illustre cette obsession. Qu’il parle de démocratie, de sécurité ou de société, le même nom revient toujours. Pour lui, l’extrême droite n’est pas une option politique parmi d’autres, mais une dérive à combattre. Sa voix porte, même au risque d’alimenter la polémique.

Quand le discours médiatique se retourne contre lui

À l’université du Medef, Eric Dupond-Moretti déplace le débat. Il accuse les chaînes d’info d’entretenir la peur en répétant les faits divers. Selon lui, mille crimes par an deviennent cinquante alertes quotidiennes sur les écrans, un miroir déformant de la réalité. Et derrière cette mécanique, dit-il, se cache la progression du Rassemblement national.

Il vise directement Pascal Praud et ses confrères, accusés de peindre la France en noir. Le lendemain, le journaliste réplique en direct. Il l’invite à débattre, rappelle qu’informer, c’est relayer l’ensemble des faits, pas les filtrer. La confrontation prend de l’ampleur, transformant un simple désaccord médiatique en affrontement politique.

Le problème, c’est que ces mots résonnent autrement pour d’autres. Sur CNEWS, la journaliste Noémie Halioua souligne la phrase qui choque : « La grande menace n’est ni l’insécurité ni l’immigration ». Pour elle, c’est une négation des souffrances réelles. Elle pense aux femmes agressées, aux victimes qui réclament écoute et justice. Quand le ministre parle stratégie, certains y voient un déni. Et la fracture entre discours politique et vécu quotidien se creuse.

Entre stratégie et réalité, l’équilibre fragile

Le contexte électoral amplifie tout. Jordan Bardella caracole en tête des sondages, et la sécurité s’impose dans chaque conversation. Beaucoup accusent Eric Dupond-Moretti de détourner le regard. Nommer sans cesse l’extrême droite deviendrait une façon d’éviter le sujet brûlant de l’insécurité. Les critiques pleuvent : la politique ressemble à un écran de fumée, une bataille de mots loin des faits.

Pourtant, l’ancienne robe noire garde sa conviction : protéger l’état de droit, empêcher une dérive autoritaire. Sa méthode, parfois brutale, divise. Les uns louent son courage de dire ce que d’autres taisent. Les autres dénoncent une posture qui efface la réalité des victimes. La tension est palpable, et l’équilibre difficile à trouver.

Au fond, tout se joue dans ce paradoxe. Reconnaître l’insécurité sans l’exagérer. Écouter les victimes sans instrumentaliser leurs douleurs. Combattre un parti politique sans en faire le seul horizon. Si la démocratie tient, c’est en tenant ensemble ces exigences. Dans ce tumulte, Eric Dupond-Moretti joue une carte risquée : celle d’un combat frontal qui, selon ses mots, protège la République, mais, selon ses détracteurs, nourrit la fracture.

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