Bientôt le permis de conduire ne sera plus acquis à vie, mais conditionné à une visite médicale obligatoire tous les quinze ans ?
Cette réforme pourrait bouleverser la vie des automobilistes français. La raison ? Une mesure qui divise autant qu’elle intrigue : une visite médicale régulière pour tous, obligatoire et encadrée par la loi.
Un contrôle médical obligatoire pour les conducteurs
Le texte, porté par le député Frédéric Valletoux et soutenu par une centaine d’élus de tous bords, veut imposer une visite médicale tous les quinze ans. Pas seulement aux seniors, mais à tous les détenteurs du permis. Passé 70 ans, la fréquence se resserrerait encore : un examen médical obligatoire tous les cinq ans.
L’idée est de conditionner la validité du permis à cette visite. Pas d’examen médical, pas de renouvellement. Les partisans de la mesure insistent sur la sécurité. Ils rappellent que plusieurs troubles peuvent altérer la conduite sans que l’automobiliste s’en rende compte. À l’exemple des visuels, auditifs ou cognitifs. Cette réforme du permis de conduire serait une mesure de prévention.
De son côté, l’opinion publique ne s’y oppose pas. Un sondage Ifop confirme tout. 59 % des Français se disent favorables à un contrôle périodique. Notamment pour les conducteurs âgés. Dans les faits, certains pays européens appliquent déjà cette règle depuis longtemps. Le Portugal impose un examen à partir de 70 ans. L’Italie a fixé la barre plus bas : 50 ans. La France, de son côté, reste l’un des rares pays à n’avoir instauré aucune visite obligatoire jusqu’à aujourd’hui.
Une mesure pour rassurer… et inquiéter
Les députés qui soutiennent le projet parlent de prévention. Ils veulent réduire les risques liés à des pathologies chroniques ou à une dégradation progressive des capacités. Actuellement, un contrôle médical n’est prévu que dans des cas particuliers : retrait de permis pour conduite sous l’emprise de substances, ou maladie spécifique déclarée. Pour eux, ce dispositif reste trop limité.
En imposant un suivi médical régulier, la réforme du permis de conduire cherche à combler ce vide. Le texte déposé en mars 2025 insiste sur la nécessité de vérifier l’aptitude à conduire « en toute sécurité ». Mais cette perspective ne plaît pas à tout le monde. Certains dénoncent un risque de stigmatisation des seniors, déjà pointés du doigt sur la route. D’autres redoutent une machine administrative coûteuse, avec des délais supplémentaires pour les automobilistes.
Les associations de conducteurs, elles, s’interrogent. Comment garantir des examens équitables et adaptés ? Quels médecins seront habilités à valider ou refuser un permis ? Et surtout, qui prendra en charge le coût de ces visites répétées ? Autant de questions qui nourrissent la méfiance autour du projet.
Une réforme française pensée à l’échelle européenne
La France n’avance pas seule. Le Parlement européen a voté en mars dernier pour faire évoluer les règles du permis de conduire. Le compromis trouvé laisse une certaine liberté aux États : examen médical obligatoire, ou bien autoévaluation du conducteur. Chaque pays choisira sa voie.
Quatorze États membres appliquent déjà des contrôles réguliers. La France apparaît désormais comme une exception. La réforme du permis de conduire français s’aligne donc sur une tendance plus large. Elle prévoit d’introduire, en plus des examens médicaux, un renouvellement systématique du permis tous les quinze ans.
Les partisans du texte y voient une mesure de sécurité évidente. Les opposants y lisent une contrainte supplémentaire pour des millions d’automobilistes. Derrière les débats se dessine une question de fond : faut-il traiter le permis comme un acquis à vie, ou comme une autorisation à renouveler régulièrement ?
Une chose est sûre : le débat dépasse le simple cadre administratif. Il touche à la liberté de circuler, au vieillissement de la population, à la confiance dans les institutions. Et chacun, jeune conducteur ou senior, se sent concerné.