Logements minuscules : le Conseil d’État bannit la location des biens avec seulement 1,80 m sous plafond

En 2025, la nouvelle réglementation rebat les cartes : logements indécents traqués, sanctions renforcées, droits des locataires mieux protégés, propriétaires responsabilisés.

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Il y a des décisions qui redessinent les limites de ce qu’on juge acceptable. Le Conseil d’État vient de rappeler qu’on ne peut pas tout sacrifier sur l’autel de la pénurie immobilière. La location interdite des logements minuscules n’est plus un simple débat technique, mais un choix de société. Et cette fois, la justice a tranché, en envoyant un message clair aux propriétaires comme aux pouvoirs publics.

Le décret qui a ouvert la boîte de Pandore

En 2023, un décret avait assoupli les règles d’habitabilité. Sous prétexte d’augmenter l’offre de logements, il permettait de mettre sur le marché des habitations avec seulement 1,80 mètre sous plafond. Sur le papier, on parlait de « logements atypiques ». Dans les faits, il s’agissait souvent de pièces à peine vivables, où l’air semblait manquer dès qu’on franchissait la porte.

Ce texte avait immédiatement déclenché un tollé. Les associations de locataires, les collectifs contre les marchands de sommeil et même certains élus avaient dénoncé un recul grave des normes. Autoriser des pièces si basses de plafond, c’était légitimer ce qui ressemble plus à un placard qu’à un foyer. Et derrière les chiffres secs d’un décret, il y a la réalité de familles qui vivent dans ces espaces, parfois sans autre choix.

Le Conseil d’État n’a pas balayé tout le texte, mais il a annulé cette disposition phare. Pas de location interdite des logements minuscules ? Désormais si. En rappelant que la hauteur minimale reste de 2,20 mètres, la haute juridiction a marqué une ligne rouge. Elle a aussi souligné une irrégularité : l’absence de consultation du Haut conseil de la santé publique, pourtant indispensable sur ce type de sujet. Un détail administratif en apparence, mais qui révèle le danger de décisions prises trop vite, sans écouter ceux qui mesurent les conséquences sur la santé.

Une victoire pour la dignité, malgré quelques zones grises

Les associations comme Droit au logement ont salué la décision. Pour elles, c’est un pas concret dans la lutte contre l’habitat indigne. Les marchands de sommeil profitent souvent de la précarité des locataires pour louer des caves, des sous-sols ou des chambres à peine aménagées. En imposant une norme claire, la location interdite des logements minuscules devient un outil de protection.

Mais tout n’a pas été effacé. Certaines dispositions contestées restent en vigueur, comme la possibilité de louer un logement dont les sanitaires se trouvent à trente mètres. Imaginez sortir sous la pluie ou la nuit pour accéder à des toilettes communes. Les associations rappellent que ce n’est pas digne, même si la surface respecte les neuf mètres carrés réglementaires.

Cette décision n’efface pas toutes les zones grises. Elle montre plutôt le tiraillement permanent entre deux logiques : augmenter l’offre dans un marché tendu, et garantir un minimum de qualité de vie. Le Haut Comité pour le droit au logement avait alerté dès le départ. Il redoutait que ce décret n’affaiblisse la lutte contre l’habitat insalubre. Et ses craintes se confirment en partie, puisque certains propriétaires trouvent toujours des échappatoires.

Location interdite des logements minuscules : le poids réel sur le terrain

Le plus difficile reste l’application. Une loi ou une décision de justice ne change rien sans contrôle effectif. Les associations rappellent que beaucoup de locataires n’osent pas dénoncer leur situation, par peur de perdre leur toit. Les marchands de sommeil continuent d’exploiter cette peur. Ils profitent de chaque faille, de chaque silence, pour imposer des loyers exorbitants dans des conditions indignes.

Avec la location interdite des logements minuscules, les règles sont plus claires, mais qui ira vérifier ? Les services de l’État manquent déjà d’effectifs pour contrôler. Et même si des sanctions existent, elles tombent rarement. Dans les faits, tout repose encore sur le courage de locataires précaires qui, souvent, n’ont pas les moyens d’aller devant la justice.

Pour les défenseurs du logement, cette décision reste un symbole fort. Elle dit que la société n’accepte plus de faire dormir des familles dans des caves transformées en chambres. Elle dit aussi que l’habitabilité ne se mesure pas qu’en mètres carrés, mais aussi en dignité. Mais elle ne règle pas tout, loin de là.

Vers une nouvelle définition du logement digne

Cette affaire ouvre un débat plus vaste. Que signifie aujourd’hui un logement décent ? Est-ce seulement respecter une surface et une hauteur, ou bien offrir de vraies conditions de vie ? Le Conseil d’État a rappelé une évidence : on ne peut pas tolérer des normes qui rabaissent les gens au rang de survivants.

Pour sortir de cette impasse, plusieurs pistes sont notamment évoquées. Transformer des bureaux vides en appartements adaptés, encourager l’habitat partagé ou investir dans des rénovations plutôt que dans des bricolages rapides. Mais rien de tout cela ne se fait sans une volonté politique ferme. Les autorités devront renforcer les contrôles, alourdir les sanctions et soutenir davantage les associations qui se battent au quotidien.

La location interdite des logements minuscules ne règle pas la crise du logement. Elle évite au moins que cette crise devienne une excuse pour légaliser l’inacceptable. C’est une victoire partielle, mais une victoire qui rappelle qu’un logement n’est pas seulement un toit, c’est un espace où l’on doit pouvoir vivre dignement. Et ce combat-là ne fait que commencer.

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