L’Espagne et le Portugal sauvent l’Europe, l’Allemagne et l’Italie la plombent, la France résiste : le bilan-choc de la croissance européenne sous l’ère Trump

Le bilan économique des pays européens révèle des écarts saisissants : champions inattendus, retardataires obstinés, et une résilience parfois surprenante, collective.

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La croissance européenne sous l’ère Trump s’écrit entre tensions commerciales et coups de reins inattendus. Le Vieux Continent encaisse des tarifs à 10 % depuis avril et garde l’équilibre. Les écrans d’Eurostat affichent un trimestre meilleur qu’attendu et coupent court aux scénarios noirs. Sous les chiffres, des pays respirent fort, d’autres peinent à suivre la cadence.

Tarifs, surprises et lignes de fracture

Les nouveaux droits de douane venus de Washington rebattent les cartes et testent la patience des capitales. Les analystes annonçaient l’arrêt, la zone euro a glissé vers une légère reprise. Les carnets de commandes se montrent inégaux, mais la demande interne résiste mieux que prévu. Les entreprises réorientent leurs flux, accélèrent des livraisons, déplacent des budgets d’investissement.

Les ménages restent prudents, sans fermer totalement le portefeuille. Le deuxième trimestre raconte une Europe qui trébuche, se redresse et avance quand même. Les pays les plus exposés aux États-Unis absorbent la première vague avec des stratégies locales. Les autres gagnent du temps en misant sur la consommation et les chantiers. La hausse annoncée à 15 % début août plane sur la fin d’année et alimente l’inquiétude. La question centrale reste la même : garder l’activité sans briser les marges.

Croissance européenne sous l’ère Trump

Les chiffres ont surpris les prévisionnistes et remis un peu de couleur sur la carte. L’Espagne tire le groupe avec 0,7 % sur le trimestre et 2,8 % en rythme annualisé. L’investissement bondit de 2,1 % et la consommation progresse de 0,8 %, signe d’un moteur domestique solide. Le Portugal suit à 0,6 % et confirme une trajectoire rythmée par les exportations de biens et services. Dans ce décor reconfiguré, la croissance européenne sous l’ère Trump montre des poches de vitalité très nettes au sud.

La France s’accroche à 0,3 %, au-dessus des attentes, et prouve une certaine résilience sectorielle. Les entreprises françaises ajustent leurs chaînes, compressent des coûts, et sécurisent des débouchés alternatifs. Les services amortissent la casse, la construction retrouve quelques impulsions locales. L’Ibérie, longtemps caricaturée, devient l’ancre de stabilité de ce trimestre. Les marchés accueillent ces surprises avec prudence, mais ils notent la qualité des fondamentaux. L’effet prix reste visible, l’effet volume recule moins vite que craint. Cette croissance européenne sous l’ère Trump n’éblouit pas, elle rassure par sa tenue.

Allemagne et Italie face au test industriel

Tout n’avance pas au même rythme, et la mécanique germanique tousse. L’Allemagne recule de 0,1 % après un début d’année positif révisé. Les investissements tirent vers le bas, particulièrement dans la construction, malgré un léger réveil de la consommation. L’industrie reste exposée à la demande américaine et à des coûts financiers élevés. Les instituts rappellent que la relance budgétaire mettra du temps à irriguer l’économie réelle. L’Italie suit la pente à –0,1 %, avec une valeur ajoutée en berne dans l’agriculture, la sylviculture, la pêche et l’industrie. Les services tiennent la ligne, mais les exportations nettes pèsent sur le PIB.

Rome dépend fortement du marché américain, avec 67,3 milliards d’exportations en 2023 et un excédent supérieur à 25 milliards. Boissons, automobiles et pharmaceutique s’affichent très sensibles au bras de fer tarifaire. La hausse à 15 % annoncée pour début août menace directement ces filières stratégiques. Les patrons parlent visibilité, les syndicats parlent emplois, et les régions parlent sites de production. Dans ce climat, la croissance européenne sous l’ère Trump révèle ses points de tension les plus aigus. Les banquiers surveillent les faillites, les assureurs recalculent les primes, les logisticiens réinventent les itinéraires. L’écart de performance entre pays s’élargit et impose une lecture fine des politiques publiques. Les décisions locales pèsent désormais presque autant que les chocs globaux, ce qui change la tactique.

Diversifier, amortir, expliquer

La suite se jouera sur trois terrains complémentaires : l’approvisionnement, l’énergie et la confiance. Les États renforcent les interconnexions, discutent des contingents, et multiplient les portes d’entrée commerciales. Les terminaux méthaniers tournent haut et libèrent des capacités qui apaisent les coûts de production. Les entreprises redessinent les chaînes vers l’Atlantique sud, le Maghreb et l’Europe intérieure. La croissance européenne sous l’ère Trump survivra mieux si la logistique garde de la souplesse. La France peut capitaliser sur son 0,3 % en soutenant l’investissement productif et l’innovation d’usage. L’Espagne et le Portugal confirment la valeur d’un socle domestique robuste, capable de porter les exportations.

L’Allemagne et l’Italie ont besoin d’un pont financier pour traverser la zone la plus agitée. L’Europe doit offrir des garanties claires sur l’énergie, la décarbonation et le coût du capital. Les ménages accepteront l’effort si les factures restent lisibles et les aides accessibles. Les PME tiendront si les banques prolongent les lignes et étalent les échéances. La croissance européenne sous l’ère Trump appelle une pédagogie rigoureuse, loin des slogans et des promesses floues. Communiquer la réalité des marges, des délais et des compromis renforce la crédibilité politique. L’hiver dira si les amortisseurs suffisent, mais l’été a prouvé une résistance inattendue. L’enjeu n’est pas de nier le choc, mais d’installer des routines qui absorbent les secousses. Une Europe plus agile peut transformer l’adversité en discipline utile. Si la coordination suit, la croissance européenne sous l’ère Trump restera modeste, mais bien accrochée à la trajectoire.

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