Avec sincérité, Audrey Fleurot révèle cette particularité physique étonnante qui lui facilite les scènes d’amour au cinéma.
Quand on parle d’actrices françaises incontournables, son nom revient immédiatement. Elle fascine par son énergie, par sa façon de rendre chaque rôle vivant, mais aussi par une sincérité désarmante en interview. Ce mercredi 17 septembre, elle est à l’affiche de Regarde, aux côtés de Dany Boon. Et à cette occasion, Audrey Fleurot a accepté de livrer une part plus intime d’elle-même, entre confidences sur ses rôles et une particularité physique qui, contre toute attente, l’a aidée sur les plateaux.
Des rôles qui collent à la peau et une lassitude assumée
Depuis HPI, les téléspectateurs l’associent à Morgane Alvaro, ce personnage brillant, drôle et excessif, qui lui a offert une popularité immense. Dans son nouveau film, Regarde, elle change totalement de registre. Elle incarne une mère confrontée à l’annonce d’une maladie rare chez son fils. Une situation bouleversante qui l’oppose à son ex-mari joué par Dany Boon. Un rôle grave, plus intériorisé, loin des personnages de femmes psychorigides qu’on lui a trop souvent proposés.
Elle ne s’en cache pas : jouer à répétition la compagne qui sermonne un « adulescent », ça finit par user. Elle en rit même, en avouant qu’elle ressemble davantage à « celle qui oublie d’aller chercher son enfant à l’école » qu’à la caricature de l’épouse autoritaire. Cette lucidité, teintée d’humour, fait partie de ce qui la rend attachante. On sent derrière ses mots une femme qui revendique le droit à la nuance, qui refuse d’être enfermée dans une seule image. Et c’est ce ton, à la fois franc et ironique, qui rend chaque entretien avec Audrey Fleurot aussi savoureux.
Audrey Fleurot : la myopie devient un atout inattendu
La révélation la plus surprenante est venue d’un détail très personnel : sa vue. Elle raconte avoir vécu avec une forte myopie dès l’enfance, -12 à un œil, des lunettes aux verres si épais qu’ils déformaient son regard. Une contrainte lourde à vivre au quotidien, jusqu’à son opération des yeux bien plus tard. Longtemps, son premier geste du matin a été de chercher ses lunettes. Sans elles, tout était flou, sans contours. Elle se souvient de cette vision brumeuse, handicapante pour beaucoup de choses, mais étonnamment utile dans un cas précis.
Sur les plateaux, lors des scènes d’amour, elle enlevait ses lentilles. Tout disparaissait autour d’elle : les caméras, les micros, les techniciens… même le visage précis de son partenaire. Ce brouillard lui permettait de s’oublier, de lâcher prise. Là où d’autres peinent à faire abstraction de l’équipe qui observe, elle plongeait dans une bulle où plus rien n’existait. Et elle l’avoue avec simplicité : « Le seul avantage, c’était pour les scènes d’amour lors de tournages. » L’actrice en parle comme une anecdote qui explique en partie son aisance dans ce type de scènes. Une fragilité transformée en force, un défaut qui devient un outil.
L’angoisse d’une mère…
Pourtant, ce rapport à la vue ne se limite pas à une curiosité professionnelle. Il touche à quelque chose de profond. Dans une interview accordée à Marie Claire, Audrey Fleurot avait confié que la menace de la cécité reste l’une de ses grandes angoisses de santé. Le glaucome fait partie de son héritage génétique, et cette perspective l’inquiète. Plus encore depuis qu’elle sait que son fils Lou, né en 2015, souffre lui aussi d’un déficit visuel. Derrière les sourires médiatiques, il y a une mère qui s’inquiète pour son enfant, qui redoute pour lui ce flou qu’elle connaît si bien.
Ces aveux rappellent que les acteurs ne sont pas des silhouettes idéales découpées pour l’écran. Ils portent leurs histoires, leurs blessures, leurs appréhensions. Et quand Audrey Fleurot raconte la petite fille rousse, ronde, appareillée de bagues, myope au point de ne rien distinguer sans ses verres, on comprend mieux la femme qu’elle est devenue. Son assurance actuelle n’est pas donnée, elle est construite. Et c’est peut-être ce mélange entre vulnérabilité assumée et force éclatante qui fait d’elle une figure si singulière dans le cinéma français.