Kad Merad assume pleinement l’échec de « Papamobile », défendant malgré tout un projet qu’il juge profondément intéressant.
Les projecteurs ne sont pas toujours flatteurs. Un succès éclatant peut être suivi d’un silence pesant, parfois même d’un fiasco. C’est le jeu cruel, mais fascinant du cinéma. Et cette fois, c’est Kad Merad qui s’y confronte sans détour.
Kad Merad et l’expérience « Papamobile »
Un mois après la sortie confidentielle de Papamobile, l’acteur a décidé de prendre la parole. Pas pour s’excuser, ni pour fuir, mais pour défendre ce qu’il décrit comme un film « intéressant » et « insolite ». « Quand on fait des films, on est obligé de prendre des risques. Quel que soit le film. J’ai pris ce risque et je suis content de l’avoir fait. Dès le départ, le film était très particulier, très insolite, très curieux, très atypique », a-t-il confié à PureMédias.
Réalisé par Sylvain Estibal, le long-métrage a connu une sortie plus que discrète. Le 13 août, seules sept salles françaises l’ont projeté, sans affiches tapageuses ni budget marketing. Le producteur, Jean Bréhat, n’a pas mâché ses mots : « raté » et « pas drôle », selon lui. Le contraste avec l’investissement du tournage est saisissant. Mexique, Vatican, 24 jours intenses, 1,2 million d’euros : un pari ambitieux, presque fou, qui n’a pas trouvé son public.
Et pourtant, Kad Merad n’élude pas l’évidence. « On a peut-être souffert de moyens, il faut l’avouer. Le film est ce qu’il est, moi je l’aime, je le trouve intéressant et insolite. Comme l’a dit le réalisateur, où ça passe, où ça casse… bon, ça a plutôt cassé », reconnaît-il dans un sourire amer mais assumé.
La vie d’acteur, entre triomphes et bides
Un film boudé par les salles n’est pas une exception. « Le film devait sortir le plus discrètement possible, c’est ce qu’on appelle dans le jargon une sortie technique. Ça arrive quand on n’est pas forcément très content des résultats. Ça arrive avec plein de films », explique l’acteur. Mais la discrétion initiale a paradoxalement provoqué l’effet inverse. La presse s’est emparée de l’histoire, parlant du naufrage de Papamobile. Et par curiosité, quelques salles supplémentaires ont décidé de le projeter.
L’acteur raconte cette surprise avec une pointe d’amusement : « Il y a eu ce coup de projecteur inattendu sur ce film que j’ai interprété avec beaucoup de plaisir. Ce qui est curieux, c’est que le film, on en a beaucoup parlé et paraît-il même qu’il y a eu des salles de plus en plus remplies et ça a finalement donné envie aux gens d’aller le checker. » Le paradoxe du bouche-à-oreille : un film annoncé mort-né attire finalement l’attention, parfois jusqu’à remplir quelques salles.
Pour Kad Merad, l’échec n’efface pas la fierté d’avoir tenté quelque chose de différent. « J’ai fait le plus gros succès du cinéma français, je vais peut-être faire le plus grand flop… Je suis un peu danseur classique, je fais le grand écart. Ça s’appelle une vie d’acteur et j’espère continuer à avoir des surprises comme ça. C’est ça le métier », confie-t-il, en résumant avec humour la fragilité d’une carrière artistique.
« Un nanar assumé » qui trouvera peut-être son public
Du côté du réalisateur, le discours reste tout aussi assumé. Sylvain Estibal décrit son film comme un objet visuel atypique, bancal peut-être, mais sincère. « Beau visuellement », revendiqué comme « nanar », mais « nanar assumé », précise-t-il au Parisien. Il espère que le temps lui offrira une seconde vie, celle des films cultes redécouverts par hasard, adorés précisément parce qu’ils ne ressemblent à rien d’autre.
Il est vrai que certains longs-métrages jugés ratés lors de leur sortie ont fini par devenir des références underground, célébrées pour leurs défauts autant que pour leurs audaces. Papamobile pourrait-il suivre ce chemin ? Trop tôt pour le dire. Mais la déclaration finale de l’acteur résume bien l’état d’esprit : l’acceptation des hauts et des bas, la capacité à sourire même face à l’échec.
Pour un homme qui a déjà goûté aux triomphes du box-office, l’expérience a valeur de rappel : rien n’est jamais acquis. Le cinéma reste une loterie, parfois cruelle, parfois miraculeuse. Et si Kad Merad encaisse avec autant de philosophie, c’est sans doute parce qu’il sait que le plus important n’est pas seulement le résultat, mais la trajectoire, faite de prises de risques, d’essais ratés et d’instants inoubliables.