J’ai été chauffeur routier toute ma vie, découvrez le montant de ma retraite tous les mois

Le métier de chauffeur routier use le corps et l’esprit. Mais la retraite réserve-t-elle vraiment un repos mérité ?

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Après une vie sur la route, voici à quoi peut réellement ressembler la pension de retraite mensuelle d’un chauffeur routier.

Après quarante-trois ans derrière un volant, le moteur a fini par s’éteindre. Ce n’est pas un adieu triste, plutôt une page tournée avec une certaine fierté. J’ai rendu les clés du camion, rangé les carnets de bord, et laissé derrière moi des milliers de kilomètres avalés. La retraite d’un chauffeur routier commence rarement dans le silence : elle résonne d’histoires de route et de chiffres bien concrets.

Le vrai visage de la retraite d’un chauffeur routier

Aujourd’hui, ma pension s’élève à 1 187 euros par mois. Pas une fortune, mais un revenu qui reflète la moyenne des anciens conducteurs en 2025. On croit souvent que l’usure du métier garantit une pension plus solide. Ce n’est pas le cas. Tout dépend du nombre d’années validées, des salaires de référence et du régime de cotisation choisi.

J’ai cotisé quarante-deux ans. Chaque trimestre accumulé a compté, et cette discipline a fait grimper mon revenu final. Mais je connais des collègues avec autant de kilomètres que moi qui perçoivent 200 euros de moins. Les écarts se creusent selon la régularité des cotisations, l’ancien statut d’indépendant ou non, et les aléas de carrière.

Les moyennes parlent d’elles-mêmes :

  • 30 à 35 ans de service : entre 950 et 1 050 € par mois
  • 36 à 40 ans : entre 1 050 et 1 150 € mensuel
  • 41 à 45 ans : entre 1 150 et 1 300 €

Ces chiffres traduisent une réalité dure, mais claire. La retraite d’un chauffeur routier reste proportionnelle à son parcours, sans miracle possible.

Les dispositifs qui allègent la fin de carrière

L’âge moyen de départ tourne autour de 64 ans. Beaucoup ne tiennent pas jusque-là. Le corps fatigue. Les nuits passées sur les parkings laissent des traces. Les longues distances épuisent. Heureusement, des mécanismes spécifiques existent pour ne pas finir usés jusqu’à l’os.

Le Congé de Fin d’Activité (CFA) a changé la donne. Instauré à la fin des années 90, il a permis à des milliers de chauffeurs de lever le pied plus tôt. J’ai pu en bénéficier après 26 ans dans le transport de marchandises. Le calcul s’est fait sur la base de mes douze derniers mois de salaire brut, et cette transition m’a évité de franchir brutalement la frontière entre travail et retraite.

Ce dispositif reconnaît la particularité de notre métier. Les horaires décalés, la charge physique, l’éloignement familial : tout cela pèse lourd. Le CFA a offert un filet de sécurité qui ne se limite pas aux chiffres. Il a aussi donné une respiration psychologique, une façon de se préparer à la dernière étape sans craindre une chute de revenus trop brutale.

Compléments et stratégies personnelles

Ma pension ne repose pas uniquement sur la base classique. Les régimes complémentaires, notamment l’Agirc-Arrco, jouent un rôle clé. Sans eux, je tomberais en dessous d’un seuil vital. Ces compléments représentent la vraie colonne vertébrale de la retraite d’un chauffeur routier.

À titre personnel, j’ai aussi misé sur une épargne volontaire. Quelques plans retraite souscrits dans les dernières années m’offrent aujourd’hui une petite marge de manœuvre. Cela ne change pas la vie, mais ça évite de stresser pour une réparation imprévue, un voyage en famille, ou une dépense médicale.

Les indépendants vivent une autre histoire. Ceux qui ont choisi l’auto-entrepreneuriat se retrouvent souvent face à des pensions variables, parfois très basses. Tout dépend des cotisations versées, et certains regrettent aujourd’hui de ne pas avoir anticipé. Ce n’est pas une condamnation, mais une mise en garde pour les plus jeunes qui roulent encore.

Après quatre décennies sur les routes d’Europe, je touche une pension qui me permet de vivre sans excès, mais sans frustration non plus. Ce n’est pas le luxe, c’est la dignité. La retraite d’un chauffeur routier ne s’écrit pas en chiffres uniquement. Elle s’écrit aussi dans la mémoire des routes parcourues, dans la fierté d’avoir tenu, dans l’idée que ce métier, exigeant et parfois ingrat, a nourri des familles et soutenu la logistique du pays.

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