« Il va falloir que je trouve à manger, à boire, un endroit où dormir » : l’ancien cycliste Pierre Rolland face au challenge du Gravel

Pierre Rolland, toujours passionné de vélo malgré sa retraite, se lance dans une épreuve audacieuse.

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À 38 ans, Pierre Rolland troque les cols mythiques du Tour pour un défi extrême du Gravel : 555 km désertiques.

Sous le soleil de septembre, l’ancien grimpeur se prépare à une expérience bien différente de ses années de peloton. Depuis plusieurs semaines, il s’entraîne sur les bords de Loire, dans les forêts, sur des chemins caillouteux où chaque coup de pédale devient un test. Dans quelques jours, on retrouvera Pierre Rolland au Gravel, loin des podiums du Tour de France. À 38 ans, il a choisi de se lancer dans une aventure inédite : 555 kilomètres au Maroc, entre désert et haute montagne.

Pierre Rolland : une vie sans assistance au Gravel

Le changement est radical. Lui qui a connu les bus climatisés, les mécanos attentifs et les soigneurs aux petits soins, se retrouve désormais livré à lui-même. Dans ses propres mots, « le vrai vélo d’aventure ». Rien à voir avec les grandes étapes alpines qu’il a domptées, où il suffisait presque de tourner les jambes avant de confier le reste à l’équipe. Cette fois, Pierre Rolland devra trouver de quoi manger, remplir ses bidons, se reposer quand le sommeil deviendra nécessaire. Une immersion totale dans l’autonomie, sans échappatoire.

L’épreuve marocaine s’annonce exigeante : 550 kilomètres en deux jours, avec un col culminant à 3 000 mètres d’altitude. Même pour un ancien professionnel, la marche est haute. Les jambes seront mises à rude épreuve, mais la mécanique aussi. C’est d’ailleurs sa plus grande crainte : « Ce qui me fait le plus peur, c’est de casser un élément que je ne pourrai pas réparer. Une chaîne, une roue… et tout s’arrête. » Ses mots trahissent une appréhension réelle, loin de l’assurance qu’on pourrait attendre d’un homme qui a gagné à l’Alpe d’Huez.

Là réside toute la différence. Le gravel, ce n’est pas seulement de la puissance ou de l’endurance, c’est aussi une lutte contre l’imprévu. Chaque petit caillou peut devenir un piège, chaque erreur de préparation est une menace. Et pour quelqu’un qui a toujours roulé entouré, ce retour à la simplicité a des allures de révolution personnelle.

Une approche libérée, sans obsession du classement

Ce nouveau défi n’a pas le parfum des courses à étapes où chaque seconde compte. Pierre Rolland aborde cette expérience avec un état d’esprit plus léger, presque insouciant. Pas question de viser un podium ni de s’accrocher à un classement. Ce qu’il cherche aujourd’hui, c’est autre chose. « L’ambition, c’est de prendre un maximum de plaisir. Regarder autour de moi, profiter du paysage, découvrir une culture. »

Ces mots rappellent que la compétition peut user, même les plus grands. Après treize Tours de France, après des victoires gravées dans l’histoire, il retrouve le vélo pour ce qu’il est à l’origine : un moyen de voyager, de se dépasser autrement. Plus de radios qui hurlent dans l’oreillette, plus de stratégie d’équipe millimétrée. Juste lui, son souffle, son vélo, et l’immensité du désert marocain.

Et il le dit avec une sincérité touchante : cette aventure, il veut la partager. Ses réseaux sociaux deviendront son journal de bord, permettant à ses fans de vibrer à ses côtés, de ressentir ses doutes, ses joies, peut-être ses galères. C’est un retour à une forme de simplicité qui séduit autant qu’elle surprend. Car derrière le champion se cache un homme qui cherche encore à se réinventer.

Retrouver la liberté du coup de pédale

Ce défi raconte quelque chose de plus grand que le sport. Il symbolise une transition, presque une renaissance. Pierre Rolland ne roule plus pour la gloire au Gravel, mais pour lui-même. Il n’attend plus l’applaudissement des foules, il cherche la satisfaction intime d’avoir franchi une nouvelle étape dans sa vie. L’homme qui a lutté contre les chronos sur les pentes de lAlpe d’Huez veut désormais écouter son propre rythme, même au milieu du désert.

Et c’est peut-être cette liberté retrouvée qui fait tout le charme de l’histoire. Le vélo n’est plus un métier, mais un compagnon de route. La poussière, les cailloux, la fatigue, tout cela fait partie du voyage. Et le regard qu’il pose dessus prouve qu’il n’a pas perdu son goût d’avancer, même sans ligne d’arrivée.

Pour ses admirateurs, voir Pierre Rolland au Gravel à Maroc marque une continuité inattendue. Il reste fidèle à l’image de battant qu’il a toujours incarnée, mais il la transpose dans une aventure plus humaine, plus brute, presque fragile. C’est ce contraste qui touche : l’ancien professionnel qui accepte de redevenir débutant, face aux incertitudes d’une discipline exigeante.

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