Handicap : la région d’Île-de-France coupe ses subventions aux Maisons Départementales pour les Personnes Handicapées

L’opposition de gauche parle d’un coup porté aux droits des plus fragiles, et le dit avec colère.

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La décision du conseil régional d’Île-de-France de supprimer ces aides aux MDPH met le feu aux poudres.

Il y a des décisions qui passent mal. Celle-ci en fait partie. La suppression des subventions MDPH de l’Île-de-France, décidée par la majorité régionale, a fait bondir l’opposition de gauche. Elle parle d’un « bras d’honneur» adressé aux personnes en situation de handicap. La formule choque, mais traduit bien l’ampleur de la colère. Et derrière les mots, il y a des vies concrètes, des familles déjà fragilisées, qui voient s’éloigner une aide précieuse.

Une décision qui ulcère l’opposition

Le Fonds Départemental de Compensation du Handicap n’a rien d’un luxe. Il permet à près de 2 000 Franciliens chaque année de réduire un reste à charge souvent insoutenable. À l’exemple des fauteuils roulants, des véhicules adaptés, des aménagements de logement… autant de dépenses vitales qu’aucune prestation ne couvre entièrement. La suppression des subventions MDPH de l’Île-de-France, actée pour 2025 et 2026, supprime d’un trait plus de deux millions d’euros. À l’échelle du budget régional, 4,5 milliards d’euros, cela paraît dérisoire. Mais pour les familles concernées, la différence est énorme.

Les réactions n’ont pas tardé. Céline Malaisé, à la tête du groupe Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne, dénonce une décision prise « en catimini » et « profondément injuste ». Stéphane Blanchet, vice-président du département de Seine-Saint-Denis, souligne que ce fonds permettait à ses bénéficiaires de ne payer parfois que quelques euros de leur poche. « Sans ça, le pouvoir d’achat de familles déjà fragiles va plonger », alerte-t-il. Les élus locaux craignent aussi des inégalités entre départements, certains ayant moins de moyens pour compenser l’absence de la Région.

La justification budgétaire de la majorité

Face au tollé, la majorité régionale plaide la rigueur. Pierre Deniziot, délégué à l’inclusion et au handicap, rappelle que la Région a perdu 5 % de ses recettes en 2025, soit 321 millions d’euros. Il assure qu’il ne s’agit pas de couper dans le handicap par désintérêt, mais de recentrer les efforts sur les compétences régionales. La priorité affichée ? Les transports accessibles. Le réseau PAM, par exemple, permet à 22 000 usagers à mobilité réduite de se déplacer grâce à une application. En deux ans, le prix du trajet a baissé, le nombre de déplacements a explosé. Mais ce service accumule aussi les retards et les annulations, preuve qu’investir davantage ne garantit pas un fonctionnement parfait.

Pour l’exécutif, la suppression des subventions MDPH à l’Île-de-France ne retire rien aux droits des personnes handicapées. Elle revient simplement, selon eux, à remettre cette compétence dans le giron des départements, comme le prévoit la loi. Les opposants n’y voient pas un choix technique, mais un désengagement politique. Car en 2024, Valérie Pécresse avait décrété le handicap « grande cause régionale ». À peine un an plus tard, les mêmes familles se sentent abandonnées.

Et maintenant ?

La bataille ne fait que commencer. Dans les Hauts-de-Seine, le Conseil départemental a déjà pris acte de la décision régionale et s’organise pour maintenir sa contribution, en puisant dans ses propres fonds. Mais tous les départements n’ont pas la même marge de manœuvre. L’opposition espère encore faire reculer la majorité et éviter que cette mesure ne soit définitivement appliquée. Elle martèle que la suppression des subventions MDPH risque d’aggraver les fractures sociales et territoriales, et de laisser sur le carreau des familles qui n’ont aucune solution de repli.

Pour l’instant, la Région campe sur sa ligne : rigueur budgétaire, recentrage sur les compétences, investissements ciblés. Les familles, elles, entendent autre chose : un abandon de plus, derrière lequel se cachent des vies compliquées, des enfants et des adultes qui ont besoin de fauteuils, de véhicules adaptés, d’un logement accessible. Quand on parle de « rigueur », ce sont eux qui trinquent. Et dans cette histoire, ce n’est pas un tableau Excel qui souffre, mais des gens.

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