De retour de vacances, une retraitée catalane trouve sa maison squattée et choisit une méthode radicale : un nid de guêpes.
À 78 ans, Montserrat Riera n’imaginait pas qu’un simple retour de vacances tournerait à la guerre ouverte. Son refuge, son ancrage, avait changé de mains sans qu’elle n’ait donné la clé. Elle pousse la porte, trouve les serrures remplacées, et comprend d’un coup que tout a basculé. Sa réaction ? Brutale, presque insensée, mais terriblement humaine.
Quand la maison devient un champ de bataille
On parle souvent de cambriolages, rarement de ce cauchemar précis : la maison squattée. Pour Montserrat, ce n’est pas une histoire abstraite. C’est le lieu où elle a construit une vie entière, où chaque meuble raconte un souvenir. À son retour, le choc est immédiat. Cinq personnes ont pris possession de son foyer, transformant ses murs en abri étranger. Elle décrit la douleur comme un poignard en plein cœur. Pas une simple gêne, pas une contrariété administrative. Une atteinte intime, profonde, qui la prive d’un quotidien forgé à la sueur d’années de travail et d’amour.
Face à cette injustice, elle refuse l’attente passive que la loi lui impose. L’idée naît dans sa tête, à la fois étrange et audacieuse : utiliser un nid de guêpes. Elle le lance par la fenêtre, espérant que la panique effacera l’occupation. Un geste radical, témoin d’un désespoir qui n’en peut plus de se taire. Les squatteurs menacent, parlent de porter plainte contre elle. L’absurdité de la situation atteint son paroxysme : celle qui se bat pour retrouver son chez-soi devient presque l’accusée.
Maison squattée : la loi qui protège mal
Le problème, ce n’est pas seulement cette histoire particulière. C’est le cadre légal qui rend toute expulsion interminable. La maison n’est pas au nom de Montserrat, mais de son fils Jordi. Ce détail administratif change tout. La législation espagnole considère l’occupation d’une résidence secondaire comme une simple “usurpation”, un délit mineur. Pas de priorité, pas d’intervention musclée immédiate. Résultat : des semaines, parfois des mois d’attente. Pour ceux qui subissent, chaque jour ressemble à un vol supplémentaire.
Jordi le dit avec colère. Sa mère vit dans cette maison depuis toujours, mais sur le papier, elle n’existe pas comme propriétaire. Ce décalage ouvre une brèche dans laquelle s’engouffrent les squatteurs, protégés par des délais judiciaires interminables. La police, elle, reste spectatrice, faute de procédure claire. Et Montserrat, elle, campe chez une amie, tentant de sauver ce qui reste de sa dignité. Ses nuits sont courtes, ses pensées encombrées de souvenirs enfermés derrière une porte verrouillée. Elle parle de ses affaires, de ses photos, de son mari disparu, de tout ce que ces murs contiennent. On sent l’épuisement, mais aussi une force têtue : elle ne lâchera rien.
La justice tarde, la colère grandit
Cette histoire n’est pas un simple fait divers. Elle raconte la solitude d’une femme face à un système qui peine à protéger les siens. Derrière l’image spectaculaire du nid de guêpes, il y a une vérité plus amère : l’impuissance des victimes devant leur maison squattée. Montserrat a choisi une arme de fortune, parce qu’on ne lui en offrait aucune autre. Et dans son geste, il y a toute la détresse d’une génération qui croit encore à la valeur de la propriété, mais qui se retrouve coincée dans les failles d’une loi trop lente.
La justice suit son cours, mais à son rythme, déconnecté de la douleur immédiate. Les tribunaux débordent, les dossiers s’empilent, et pendant ce temps, une retraitée dort ailleurs, privée de ce qui lui appartient. Sa maison squattée devient symbole d’un combat qui dépasse largement son village. Derrière elle, beaucoup d’autres vivent le même cauchemar, en silence. Montserrat, elle, a osé l’action, quitte à se brûler les ailes. Peut-être fallait-il cette audace pour que son histoire fasse du bruit, bien au-delà des murs de Sant Martí de Tous.