Elle avait 101 ans… Cette légende du cinéma français a passé les dernières années de sa vie dans un Ephad composé de deux châteaux

Elle a brillé sur grand écran, mais ses derniers instants se sont déroulés dans un étonnant EHPAD de deux châteaux.

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À 101 ans, Micheline Presle s’est éteinte dans un lieu à son image, où l’art ne s’arrête jamais. Découvrez ce décor unique, presque hors du temps.

On pense connaître les légendes, mais leurs dernières pages surprennent toujours. Il en va ainsi de Micheline Presle, comédienne aux cent vies, qui a traversé un siècle de cinéma et d’émotions. Elle avait ce regard clair, presque insolent, qui ne s’éteignait jamais, même dans les rôles les plus sombres. À 101 ans, elle tirait sa révérence dans un décor qui semblait écrit pour elle.

La force tranquille de Micheline Presle

Née un 22 août 1922, elle s’appelait alors Micheline Chassagne. La petite fille deviendra vite cette actrice magnétique qui marquera l’écran de son mystère. Falbalas, Le Diable au corps, Les Saintes Chéries… Ses rôles restent gravés dans la mémoire collective. On se souvient encore de ce César d’honneur reçu en 2004, dans une salle debout, l’émotion à fleur de peau. Elle y confiait que son énergie venait des jeunes cinéastes qui avaient continué à lui offrir des histoires à raconter. Cette déclaration ressemblait presque à un testament d’artiste.

Ces dernières décennies, elle avait tourné devant la caméra de sa fille Tonie Marshall, complice de cœur et d’esprit. Pas très catholique, Vénus Beauté (Institut), France Boutique, Tu veux ou tu veux pas… Chaque film ressemblait à un cadeau échangé entre mère et fille. Mais le destin a coupé le fil en 2020, lorsque Tonie s’est éteinte à 68 ans. Pour Micheline Presle, le deuil fut immense. Son sourire s’était adouci, mais sa passion pour l’art continuait de l’habiter.

Un dernier chapitre dans un lieu d’exception

Elle a choisi de passer ses dernières années dans un endroit qui portait en lui l’âme des artistes : la Maison nationale des artistes de Nogent-sur-Marne. Deux châteaux au charme ancien. Ceux-ci sont entourés d’un parc à l’anglaise. Ils accueillent là les peintres, musiciens, écrivains, comédiens. On y croise des chevalets, des pianos, des salles de conférence où l’on débat encore de l’art comme si le monde dépendait de ces échanges. Chaque jour, des concerts, des projections, des lectures redonnent de la couleur aux heures.

Pour Micheline Presle, ce cadre était parfait. Elle pouvait continuer à vivre dans ce dialogue permanent avec l’art qui l’avait façonnée. L’endroit n’avait rien d’un simple EHPAD : il ressemblait plutôt à une grande maison vivante où les couloirs respirent la mémoire de ceux qui créent. Les résidents sont moins des pensionnaires que des compagnons de route, reliés par leurs histoires et leurs passions. Dans ce cocon, elle semblait avoir trouvé la paix.

Avant Nogent, elle avait vécu dans le village de Haute-Isle, dans le Val-d’Oise, un lieu presque suspendu dans le temps. Là-bas, les maisons troglodytiques et l’église creusée dans la roche lui offraient un décor hors du commun. Ce goût pour les lieux singuliers l’accompagnait partout, comme une extension de sa personnalité discrète, mais lumineuse.

L’héritage d’une actrice hors du temps

À travers ses rôles, ses mots et même son choix de vieillir au milieu d’autres créateurs, Micheline Presle laisse une trace rare. Elle rappelait que l’art n’est pas qu’une carrière, mais une façon de respirer. Son départ le 21 février 2024 a laissé un vide, mais aussi une leçon de constance. Vieillir sans jamais renoncer à la curiosité, continuer à observer le monde, à accueillir les nouvelles voix : c’était son secret.

Ceux qui l’ont croisée se souviennent d’une femme attentive, vive, parfois malicieuse. Une actrice qui, même après avoir tout joué, regardait encore les autres comme si elle découvrait la scène pour la première fois. Sa carrière, longue de huit décennies, ressemble à un film aux multiples chapitres. Elle a donné au public un dernier plan-séquence, dans un lieu à son image, élégant et vibrant. Et quelque part, dans les couloirs de Nogent, on pourrait presque entendre son rire léger, comme une réplique qu’elle n’aurait pas fini de jouer.

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