On imagine qu’un verre d’eau est sain. Pourtant, des traces persistantes de pesticides dans l’eau du robinet partout en France ont été révélées. Ces substances, issues des pratiques agricoles passées ou encore utilisées aujourd’hui, s’invitent jusque dans les réseaux de distribution. Les résultats inquiètent autant les scientifiques que les habitants, et relancent un débat sensible sur la qualité de ce que nous buvons chaque jour.
Des pesticides dans l’eau du robinet : un constat dérangeant
Les filtres sont loin d’avoir la capacité de retenir toute impureté. Ce n’est pas si simple selon les contrôles de l’Agence régionale de santé en Île-de-France. En 2024, ils ont mis en évidence des taux de contamination réguliers. Parfois ils étaient même supérieurs aux seuils réglementaires. Les métabolites issus d’anciens herbicides, comme ceux de la chloridazone ou du chlorothalonil. Ces derniers apparaissent dans de nombreux captages.
Ces pesticides dans l’eau du robinet ne datent pas d’hier. Même interdits, certains produits laissent derrière eux des résidus qui résistent au temps. Les nappes phréatiques en conservent la trace pendant des années, voire des décennies. Difficile, dès lors, de garantir une purification totale sans recourir à des traitements lourds et coûteux. Ce qui frappe, c’est cette persistance invisible qui traverse les générations, marquant encore nos réseaux d’eau potable.
Quels contaminants circulent dans nos verres ?
La liste est longue, mais certains noms reviennent sans cesse. Les métabolites de chloridazone, par exemple, se retrouvent dans un nombre croissant de points de captage. Le chlorothalonil, interdit depuis 2020, continue lui aussi de polluer. Ses résidus, notamment le fameux R417888, illustrent la difficulté d’effacer une molécule déjà largement diffusée dans l’environnement.
Ces pesticides dans l’eau du robinet sont invisibles à l’œil nu. Pourtant, ils circulent et s’accumulent. En plus, ils compliquent la tâche des autorités sanitaires. Les contrôles mettent régulièrement en évidence un effet cocktail. Plusieurs substances cohabitent. Elles renforcent les incertitudes sur les risques à long terme. Ce n’est plus seulement un problème localisé. En plus, c’est un phénomène qui touche plusieurs régions :
- Île-de-France,
- Bretagne,
- Grand Est,
- Sud-Ouest.
Partout où l’agriculture intensive a dominé, l’eau garde la mémoire chimique de ces pratiques.
Les zones les plus touchées
L’Île-de-France concentre l’attention. Plus de 1 200 prélèvements réalisés en 2024 ont révélé la présence quasi systématique de métabolites dans les départements de grande couronne. Essonne, Seine-et-Marne, Yvelines, Val-d’Oise : rares sont les captages indemnes. Mais la pollution ne s’arrête pas aux portes de Paris. Dans le Grand Est, en Bretagne, dans le Centre-Val de Loire, les analyses confirment la présence des mêmes résidus.
Ces pesticides dans l’eau du robinet suivent le rythme des sols lessivés par les pluies. Les nappes profondes, autrefois considérées comme protégées, montrent elles aussi des traces inquiétantes. Des vallées alpines, réputées pures, ne sont plus épargnées. Les collectivités locales se retrouvent confrontées à un dilemme. Le fait d’investir dans des systèmes de filtration plus performants. Ou il faut tenter de réduire la pollution à la source. Pour y arriver, il est important d’inciter les agriculteurs à changer leurs pratiques. Dans les deux cas, les coûts sont lourds. Et la confiance des habitants reste fragile.
Quelles réponses face à ce défi ?
Les autorités sanitaires renforcent les contrôles, imposent des seuils plus stricts, et encouragent la transition agricole. Mais les solutions restent longues à déployer. Réduire l’usage des produits chimiques exige un changement de modèle, pas seulement une adaptation ponctuelle. Certaines communes testent des alternatives : bandes tampons végétalisées, jachères, restrictions sur l’épandage. D’autres investissent dans de nouveaux filtres capables de retenir une partie des molécules incriminées.
Reste que les pesticides dans l’eau du robinet soulèvent une question plus large. Que voulons-nous pour notre alimentation, pour nos sols, pour nos ressources vitales ? Les progrès technologiques du traitement de l’eau ne suffiront pas à eux seuls. La prévention passe par l’amont : limiter ce qui s’infiltre, avant d’espérer l’éliminer. Le dialogue entre agriculteurs, élus locaux, chercheurs et habitants devient indispensable. Car l’eau, bien commun par excellence, reflète nos choix collectifs. Et chaque verre bu raconte à sa façon l’histoire d’un pays qui peine encore à tourner la page des pesticides.