Quand les Rafale français croisent les F-16 marocains, l’exercice du Marathon 25 change les règles du jeu.
Il suffit parfois d’un regard croisé à haute altitude pour sentir le poids d’un exercice qui dépasse le simple entraînement. Pas de panique, c’est juste cette tension presque élégante qu’on reconnaît quand les choses sont faites sérieusement. Dans l’ombre de ce ballet aérien, l’exercice du Marathon 25 livre une leçon de coordination bien réelle.
Une montée d’adrénaline parfaitement encadrée
Un avion se détache sur le radar. Les F-16 marocains décollent aussitôt. Ils filent droit vers l’appareil signalé, verrouillent le visuel, stabilisent l’approche sans brutalité. À l’intérieur du cockpit, le ton reste calme, concentré. Face à eux, un A330 MRTT Phénix, accompagné de deux Rafale B. Tout le monde connaît les règles, mais personne ne relâche la vigilance.
Le contrôle aérien rappelle fermement le cadre. Le message passe clair : retour à l’espace aérien international, ou réponse armée. Rien d’agressif, juste la rigueur. Ce genre d’échange n’a rien d’un jeu. C’est l’essence même de l’exercice du Marathon 25, où chaque équipage joue son rôle à fond, jusqu’au bout. L’identification se confirme, la séparation s’opère proprement, les consignes sont respectées au mot près. Pas d’impro.
Ce moment-là, quand tout semble presque naturel, montre à quel point la coopération est ancrée. L’interception pourrait être réelle. Elle ne l’est pas, et pourtant l’intensité, elle, ne triche pas. L’Airbus, pièce centrale du dispositif, devient à la fois cible tactique et point d’ancrage de la simulation.
Le ravitaillement, un art stratégique
L’exercice du Marathon 25 ne s’arrête pas à une simple interception. Il pousse les équipes jusqu’au bout de leur endurance et de leurs automatismes. Cinq Rafale B français, huit F-16 marocains. Tous se succèdent pour s’entraîner au ravitaillement en vol avec le MRTT Phénix. Un appareil qui change clairement la donne pour les pilotes marocains, habitués aux Hercules. Là, on parle de précision millimétrée. Pas le droit à l’erreur.
Les approches s’enchaînent. Chaque contact avec le panier suspendu du ravitailleur exige calme, finesse et sang-froid. Le moindre écart, et c’est la manœuvre entière à recommencer. Malgré ça, les radios restent claires, les enchaînements se lisent presque comme une partition. Derrière la verrière, les regards se croisent brièvement. Pas un mot de trop.
L’Airbus tient le tempo. Il donne l’allonge nécessaire, il stabilise le rythme, il impose une structure. Chaque passage confirme l’intérêt d’un entraînement de ce niveau. Tout le monde en ressort affûté. L’exercice du Marathon 25 montre que l’endurance ne suffit pas : il faut du contrôle, du sang-froid et une coordination sans faille.
Une coopération militaire qui ne s’improvise pas
Ce genre d’exercice ne naît pas du hasard. Il s’appuie sur des années de travail, parfois en silence, parfois sous tension. La relation entre la France et le Maroc n’est pas toujours simple. Mais dans les airs, les équipages ne débattent pas de diplomatie. Ils volent, ils exécutent, ils protègent. L’objectif est partagé : garder la maîtrise, apprendre à travailler ensemble, affiner chaque geste.
La campagne de tir à venir, sur sol marocain, exigera encore plus. Plus de précision, plus de rigueur. Mais les bases sont là. L’exercice du Marathon 25 n’est pas juste une démonstration, c’est une répétition pour le jour où il faudra vraiment répondre présent. Quand chaque minute compte, quand l’alerte n’est plus simulée.
La discipline radio, le protocole d’identification, les règles d’engagement… tout est travaillé jusqu’à l’os. Pas de place pour l’approximation. Et pourtant, derrière cette rigueur, il y a aussi une confiance. Une vraie. Le genre qui se construit dans le cockpit, pas autour d’une table.
Ce que révèle le Marathon 25, c’est que la défense moderne repose autant sur les machines que sur les gens. Et quand les gens savent ce qu’ils font, quand ils parlent le même langage opérationnel, ça change tout.