Les débats sur le travail et la solidarité reviennent régulièrement en France. Mais ils ont rarement autant d’intensité. La suppression d’un jour férié en France refait surface. Elle soulève des questions lourdes de conséquences. L’idée serait d’instaurer une seconde journée de solidarité en 2025. Le but est de soutenir un secteur en grande difficulté : les Ehpad publics. Ces établissements accueillent des personnes âgées dépendantes. Toutefois, ils croulent sous un déficit qui atteint près de 800 millions d’euros. Derrière les chiffres, il y a une urgence sociale. Il y a aussi une décision politique qui ne passe pas inaperçue.
La suppression d’un jour férié en France : un vieux débat relancé
On connaît déjà le principe. Après la canicule de 2003, le gouvernement avait instauré la première journée de solidarité. Une journée travaillée sans salaire supplémentaire. Elle est censée financer des mesures en faveur des personnes âgées et handicapées. Cette réforme avait marqué les esprits. En plus, elle modifiait directement le quotidien des salariés. Depuis, ce dispositif rapporte environ trois milliards d’euros par an. Pourtant, malgré cette manne, le secteur de la dépendance reste en souffrance.
La suppression d’un jour férié en France renvoie donc à une vieille blessure collective. Beaucoup se rappellent encore la polémique de 2004, lorsque le lundi de Pentecôte avait été sacrifié. Puis, face à la contestation, la règle avait été assouplie : les entreprises pouvaient choisir le jour de solidarité. Vingt ans plus tard, la situation des Ehpad montre que les moyens collectés n’ont pas suffi. Le problème reste entier : qui doit payer pour soutenir les plus fragiles ? L’État, les entreprises, ou bien encore une fois les salariés ?
Une solidarité qui interroge sur sa justice sociale
L’idée d’une seconde journée travaillée sans compensation passe mal auprès d’une partie de la population. Les syndicats dénoncent une mesure injuste, car elle pèse toujours sur les mêmes : les salariés. La suppression d’un jour férié en France est perçue comme une solution facile pour combler les trous budgétaires, mais pas comme une vraie réforme structurelle. Les critiques rappellent que d’autres pistes existent, comme une meilleure répartition des financements publics ou une contribution différente des entreprises les plus bénéficiaires.
Il y a aussi une dimension psychologique. Un jour férié n’est pas seulement un jour de repos. C’est un moment collectif, souvent lié à une tradition ou une histoire. Le retirer équivaut pour certains à une perte symbolique, une manière de rogner sur le temps libre, déjà rare, pour rattraper les défaillances du système. Derrière l’idée de solidarité, beaucoup voient surtout une nouvelle forme d’effort demandé aux actifs, alors que les grandes décisions sur la gestion des Ehpad échappent largement aux salariés eux-mêmes.
Vers une seconde journée de solidarité ?
Malgré les critiques, la proposition avance. Le Sénat met la pression pour instaurer cette nouvelle contribution dès 2025. L’argument principal reste implacable : les Ehpad publics sont au bord de l’asphyxie financière. Pour certains élus, seule la suppression d’un jour férié en France permettrait de générer rapidement des fonds supplémentaires, sans passer par une hausse d’impôts impopulaire. Le gouvernement voit aussi dans cette mesure une solution rapide pour soulager un secteur en crise.
Mais tout le monde n’est pas convaincu. Plusieurs sénateurs, comme Annie Souyris, plaident pour une autre approche. Elle propose par exemple d’indexer les tarifs des Ehpad sur l’inflation, afin d’assurer un financement plus durable. D’autres suggèrent de revoir en profondeur la gouvernance et le modèle économique des établissements. L’idée d’une seconde journée de solidarité apparaît alors comme un pansement posé sur une plaie trop large. Le débat ne fait que commencer, et il divise déjà fortement les partis, les syndicats et l’opinion publique.
Une réforme qui pourrait redessiner le rapport au travail
Au-delà de la question budgétaire, la suppression d’un jour férié en France ouvre un débat plus large sur la place du travail. Chaque réforme qui touche au temps de repos réactive des inquiétudes anciennes : perte de qualité de vie, sentiment d’injustice, équilibre fragile entre vie professionnelle et vie personnelle. Les salariés ont déjà vu leurs conditions évoluer avec le télétravail, les réformes des retraites, et la pression économique grandissante. Ajouter une journée de travail gratuite nourrit un climat social tendu.
Pourtant, le besoin de financer la dépendance ne disparaîtra pas. Le vieillissement de la population s’accélère, et les Ehpad réclament des moyens qu’aucune réforme n’a encore su garantir. C’est bien là que se joue la bataille. Entre solidarité collective et justice sociale, entre solutions rapides et réformes de fond. La prochaine étape sera de savoir si cette mesure, contestée mais redoutablement efficace en termes de recettes, passera le cap du Parlement. Et si les Français acceptent qu’un jour férié disparaisse à nouveau au nom d’une cause nationale.