On en parle depuis des années, mais cette fois, l’idée prend corps. La fin de l’argent liquide pourrait bien s’inviter dans nos vies plus vite qu’on ne l’imagine.
Vers la fin de l’argent liquide
La Banque centrale européenne avance à pas mesurés, mais elle avance. Depuis 2021, ses équipes planchent sur un projet qui ressemble à une révolution silencieuse : l’euro numérique. Si le dispositif aboutit, acheter une baguette, payer un café ou régler ses courses pourrait se faire sans sortir une seule pièce.
L’idée n’est pas de supprimer brutalement les billets. Mais il s’agit de préparer une transition. La pandémie a accéléré la baisse des paiements en espèces. Les cryptomonnaies ont séduit des millions d’utilisateurs. La fin de l’argent liquide est une adaptation progressive à un mode de consommation déjà bien ancré. C’est le paiement dématérialisé.
L’euro numérique, une nouvelle façon de payer
Contrairement à PayPal, Lydia ou aux cartes bancaires que nous utilisons chaque jour, l’euro numérique serait directement émis par la BCE. Une monnaie publique, au même titre que les pièces et billets, mais accessible sous forme électronique. Cette nuance change tout.
Avec un tel système, il ne serait plus nécessaire de dépendre entièrement des banques commerciales pour effectuer un simple paiement. L’utilisateur pourrait payer directement via son smartphone, avec des transactions rapides et sécurisées, disponibles partout dans la zone euro. Une bière à Munich, un taxi à Barcelone ou un déjeuner à Paris : même réflexe, même outil. La fin de l’argent liquide rendrait les paiements transfrontaliers beaucoup plus simples.
Les avantages sont clairs :
- instantanéité,
- stabilité de la valeur,
- réduction du risque de fraude.
L’euro numérique, contrairement aux cryptomonnaies, resterait aussi fiable que l’euro en pièces. Pour beaucoup, c’est une garantie de confiance.
Les promesses et les inquiétudes
Ce projet ne se limite pas à une question de confort. Il répond aussi à un besoin de souveraineté monétaire. Les États-Unis et la Chine testent déjà leurs propres devises digitales. L’Union européenne, si elle ne suit pas, risquerait de perdre du terrain face à ces géants. L’euro numérique incarne donc une stratégie politique autant qu’économique.
Pour les consommateurs, cela veut dire plus de liberté d’usage, mais aussi de nouvelles interrogations. La fin de l’argent liquide pose par exemple la question de la confidentialité. Aujourd’hui, payer en espèces permet une certaine discrétion. Demain, chaque transaction pourrait être enregistrée. La BCE promet des garde-fous : anonymat pour les petits montants, contrôle renforcé seulement pour les grosses sommes. Reste à voir si cela suffira notamment à convaincre les plus sceptiques.
Autre enjeu : l’inclusion. Environ 5 % des Européens n’ont pas de compte bancaire. Avec un euro numérique, un simple smartphone suffirait pour recevoir son salaire, payer son loyer ou transférer de l’argent. Cette accessibilité pourrait changer la vie de millions de personnes, mais à condition que l’infrastructure technique suive et que l’accès au numérique soit réellement universel.
Une transition inévitable
On peut aimer ou détester l’idée, mais le mouvement semble lancé. La fin de l’argent liquide n’arrivera pas du jour au lendemain. Les billets resteront en circulation pendant encore de longues années. Mais les habitudes changent vite. Qui aurait cru, il y a seulement dix ans, que presque tout le monde paierait ses courses avec un simple geste sans contact ?
Ce qui se profile ressemble moins à une suppression qu’à une bascule progressive. Les espèces deviendront minoritaires, puis peut-être marginales, jusqu’à disparaître un jour des poches et des caisses. D’ici là, chacun devra s’adapter, entre confort du numérique et nostalgie des pièces sonnantes. La fin de l’argent liquide marque surtout un tournant historique : celui où l’Europe veut garder la main sur sa monnaie dans un monde où le digital s’impose partout.