Le Premier ministre suspend presque toutes les dépenses liées aux campagnes de l’État cette année et prévoit de réduire encore le budget l’an prochain.
Le gouvernement serre la vis sur ses communications… Les annonces officielles, les grandes campagnes d’affichage et les spots télévisés vont se faire plus rares. Le Premier ministre a décidé de couper le robinet : plus aucune nouvelle campagne jusqu’à la fin de l’année. Un geste fort, présenté comme un symbole d’exemplarité et de rigueur. La suspension des dépenses de communication de l’État résonne comme le premier acte visible d’une politique budgétaire plus austère.
Une suspension immédiate et des exceptions limitées
Le communiqué de Matignon est tombé sans prévenir : ministères, agences, opérateurs publics, tout le monde est concerné. Les équipes habituées à commander des affiches pour promouvoir leurs politiques devront patienter. La règle est simple : pas de nouvelle dépense, pas de contrat signé, pas de campagne lancée.
Seules deux exceptions survivent au gel. Les messages de santé publique, on pense par exemple à la prévention des épidémies ou aux campagnes de vaccination, et les annonces liées au recrutement de la fonction publique. Pour le reste, rideau. Les campagnes déjà engagées ne seront pas stoppées en plein vol, histoire d’éviter des pénalités contractuelles ou de jeter l’argent par les fenêtres.
En 2024, la machine communicationnelle de l’État avait englouti 440 millions d’euros. Suspendre la mécanique pour les derniers mois de 2025 devrait permettre d’économiser environ 50 millions. De quoi envoyer un signal fort, mais aussi préparer le terrain pour la suite. Car derrière cette mesure se cache un objectif plus vaste : réduire durablement les dépenses de communication de l’État, pas seulement les geler pour quelques mois.
Communication de l’État : vers une cure d’austérité durable
Ce coup de frein est le premier jalon posé par la mission baptisée « État efficace », installée à Matignon. L’idée : fouiller dans chaque budget, traquer les marges d’économie, redessiner les priorités. Une revue générale des dépenses de communication de l’État est déjà en marche, avec une cible affichée : –20 % en 2026. L’ambition n’est pas mince. Cela reviendrait à économiser près de 90 millions d’euros sur un an, une somme qui permettrait d’investir ailleurs.
Pour Sébastien Lecornu, c’est aussi une manière de donner un signal politique. Après avoir supprimé les derniers privilèges « à vie » des anciens Premiers ministres, il veut montrer que la rigueur commence par l’exemple. L’opinion publique guette ces gestes, souvent plus parlants que de longues réformes techniques. Le message envoyé est clair : l’argent public doit servir directement les citoyens, pas gonfler un budget de communication jugé parfois superflu.
Les ministères devront s’adapter, trouver d’autres moyens de toucher les Français, miser davantage sur la proximité et moins sur les grandes campagnes coûteuses. Un vrai changement de culture se profile. Derrière la décision se cache aussi une interrogation : comment informer efficacement sans communication massive ? Matignon assure que l’essentiel sera préservé, mais chacun sait que les arbitrages risquent d’être serrés.
Un débat qui ne fait que commencer
Le gel des dépenses de communication de l’État soulève déjà des critiques. Certains y voient une mesure purement symbolique, plus politique qu’efficace. D’autres rappellent qu’informer reste un devoir républicain, surtout dans un contexte où les fake news circulent vite et fort. Moins de communication publique, c’est aussi moins de présence face à la désinformation.
Mais pour l’exécutif, l’urgence est ailleurs : rétablir la confiance dans la gestion des finances publiques. Les économies sont modestes à l’échelle du budget global, mais le signal est là.
La bataille de la communication, ironie du sort, continue autour… des communications suspendues. Reste à voir si ce gel restera temporaire ou s’il marquera un tournant durable dans la manière dont l’État parle à ses citoyens.