Il pensait louer son logement à des vacanciers de passage. À la place, il a hébergé une petite ferme clandestine de minage de cryptomonnaies.
Un logement paisible loué sur Airbnb, des locataires discrets, pas de dégâts apparents. Juste une surprise électrique au retour. Quand la facture grimpe sans raison évidente, le doute s’installe. Et parfois, derrière un banal séjour touristique, se cache une activité bien plus énergivore : le minage de cryptomonnaies.
Son Airbnb devient une ferme à cryptos
Le propriétaire n’a rien vu venir. Ni bruit, ni plainte des voisins, ni trace suspecte à première vue. Et pourtant, la douche froide est tombée en ouvrant la facture d’électricité. Plus de 1 300 euros pour quelques semaines de location. Pas vraiment le tarif d’une clim mal réglée ou d’un chauffe-eau capricieux. L’explication est venue plus tard, via les caméras de surveillance. Sur l’une des vidéos, une image étonnante : une dizaine d’ordinateurs bourrés dans le coffre des locataires, tous bien emballés. Pas des PC classiques, mais du matériel taillé pour faire tourner des algorithmes jour et nuit. Bingo.
Le minage de cryptomonnaies repose sur un principe simple : transformer de la puissance de calcul en argent virtuel. Le problème, c’est que ça pompe une quantité d’énergie colossale. Et quand cette énergie ne sort pas de votre portefeuille, mais de celui du propriétaire, l’opération devient extrêmement rentable… pour les mauvais joueurs. Ici, les locataires ont aussi profité de la borne de recharge pour voiture électrique. Une cerise de plus sur un gâteau qui n’avait rien de sucré.
Un gouffre énergétique discret, mais bien réel
Il suffit de quelques machines tournant dix heures par jour pendant trois semaines pour faire exploser la consommation. À titre de comparaison, dix PC gaming à 600 watts chacun peuvent atteindre 500 euros de courant en Europe. Et ça, c’est sans parler de la recharge auto. Le minage de cryptomonnaies, quand il se glisse dans un logement Airbnb sans que le propriétaire soit au courant, peut transformer une location standard en gouffre énergétique.
Face à cette situation, le bailleur a refusé de payer la note. Il a porté plainte. Les locataires ont fini par régler, mais la confiance est brisée. Depuis, le propriétaire a modifié ses conditions : interdiction explicite de toute activité liée au minage de cryptomonnaies, borne de recharge comprise. Il prend désormais des photos du compteur à l’entrée, copie envoyée au locataire. Ça n’évitera peut-être pas tout, mais ça met un cadre clair.
La pratique, cela dit, tend à se raréfier. Miner du Bitcoin avec un simple PC ne paie plus. Les coûts dépassent les gains, et seuls les plus organisés peuvent encore en tirer profit. Mais tant qu’il existera des logements équipés, mal protégés, et loués quelques jours sans surveillance, le risque reste là.
Protéger son bien sans sombrer dans la parano
Faut-il, dès lors, intégrer une clause « anti-crypto » dans chaque contrat de location Airbnb ? Certains le font. D’autres misent sur le bon sens. Mieux vaut fixer un cadre souple, mais clair : un état des lieux sérieux, un suivi léger de la consommation, une ou deux mentions bien pensées dans le contrat. Pas besoin de transformer chaque location en enquête préliminaire.
Les abus liés au minage de cryptomonnaies restent rares, mais pas inexistants. Ce qui rend l’affaire dérangeante, c’est qu’elle passe souvent inaperçue. Aucun bruit, aucun dégât. Juste une facture trop salée. Et la sensation désagréable d’avoir servi, malgré soi, à enrichir quelqu’un dans l’ombre.
La technologie évolue, les pratiques aussi. Aujourd’hui, miner n’a plus la même allure qu’il y a cinq ans. Mais tant que l’électricité coûtera cher, certains chercheront des raccourcis. À ceux qui louent leur bien de ne pas se laisser surprendre, et à ceux qui abusent, de comprendre qu’ils laissent des traces, même dans les silences.