Essonne : Intermarché et Netto condamnés à 55 000 euros d’amende pour usage des faux labels

L’usage trompeur des labels AOP et Label Rouge dans leurs prospectus coûte cher aux enseignes désormais condamnées.

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Intermarché et Netto font l’objet d’une condamnation pour avoir induit les consommateurs en erreur avec de faux labels de qualité.

Il suffit d’un logo mal placé pour déclencher une tempête. L’affaire d’Intermarché et Netto le prouve. Leur récente condamnation pour faux labels rappelle à quel point la confiance des clients repose sur des détails. Ces petites mentions colorées qu’on retrouve sur les prospectus et les emballages ne sont pas de simples décorations : elles garantissent une origine, une qualité, un savoir-faire. Quand elles sont mal utilisées, c’est tout un système qui tremble.

Une affaire de logos mal utilisés

Le tribunal correctionnel d’Évry-Courcouronnes a rendu son verdict : les enseignes ont écopé d’une condamnation pour faux labels. Tout est parti de prospectus distribués en 2023, repérés par la direction départementale de la protection des populations de l’Essonne. Douze infractions avaient ainsi été relevées. Celles-ci mêlent des appellations officielles mal attribuées et des présentations ambiguës. Les labels concernés ne sont d’ailleurs pas n’importe lesquels :

  • Appellation d’Origine Protégée
  • Indication Géographique Protégée
  • Spécialité Traditionnelle Garantie
  • Label Rouge

Autant de signes officiels de qualité alimentaire que les Français prennent au sérieux.

La sanction n’a pas tardé : 30 000 euros d’amende. Auxquels s’ajoute la révocation d’une précédente peine avec sursis de 25 000 euros datant de 2020. Total de la facture : 55 000 euros. Une addition salée pour ce qui est présenté comme une erreur de communication, mais qui reste perçu comme une atteinte à la transparence.

L’avocat d’Intermarché a tenu à préciser que l’enseigne n’avait jamais voulu tromper ses clients. Selon lui, il s’agit d’une maladresse dans la mise en page des prospectus numériques. Les clients en magasin, dit-il, pouvaient voir les bons logos affichés correctement sur les produits. L’erreur ne se serait donc pas répercutée sur les achats réels. Mais pour la justice, l’intention ne suffit pas à effacer la faute. La présence de faux labels, même sur un simple visuel, s’apparente à une tromperie.

Intermarché et Netto : l’erreur touche des produits du quotidien

Les exemples donnés au tribunal illustrent bien le problème. Deux fromages Société AOP avaient été mis en avant dans une offre incluant un bleu de brebis… qui n’était pas certifié AOP. Un jambon d’Auvergne portait l’IGP, mais les autres jambons vendus avec lui ne l’avaient pas. Quant à une baguette présentée comme « Label Rouge HVE », seule la farine utilisée respectait cette mention. Trois cas précis qui semblent anecdotiques, mais qui changent la donne pour le consommateur.

Car ces labels ne sont pas de simples étiquettes : ils racontent une histoire. Celle d’un terroir protégé, d’un savoir-faire reconnu, d’une exigence de qualité. Tromper, même par inadvertance, brise cette confiance fragile. Les clients qui choisissent un produit AOP ou Label Rouge le font pour soutenir une filière, pas seulement pour le goût. Alors quand une erreur se glisse dans le message, c’est tout l’édifice de crédibilité qui se fissure.

Cette condamnation pour faux labels met aussi en lumière la répétition des incidents. En 2020 déjà, une première sanction avait été prononcée contre l’enseigne. La récidive interroge. Peut-on encore parler d’erreur humaine ou faut-il voir une négligence dans les contrôles internes ? C’est en effet la question qui plane, et qui dérange.

Une leçon pour tout le secteur

Les juges ont été clairs : les labels ne tolèrent aucun à-peu-près. Chaque logo, chaque appellation doit être vérifié avec rigueur avant publication. Ce rappel vaut pour toutes les enseignes, pas seulement Intermarché et Netto. Car derrière chaque erreur, ce sont les producteurs, les artisans et les clients qui perdent confiance.

L’enseigne affirme avoir pris des mesures correctives. Des contrôles renforcés auraient alors été mis en place pour éviter qu’un logo ne se retrouve mal attribué dans un prochain prospectus. Reste que cette affaire dépasse le simple cadre d’une enseigne. Elle souligne l’importance vitale de préserver la crédibilité de ces signes officiels, pilier de la relation entre le monde agricole, la distribution et le consommateur.

Pour les clients, la leçon est tout aussi forte. Lire les étiquettes, se fier aux logos, c’est un geste devenu naturel. Mais cette condamnation pour faux labels rappelle que rien n’est jamais acquis. La vigilance reste de mise, même pour les enseignes connues.

Un avertissement, aussi, pour tous ceux qui travaillent dans la communication alimentaire. Un logo mal placé, c’est plus qu’une faute technique. C’est un risque juridique, une atteinte à la réputation, et surtout un coup porté à la confiance d’un public déjà méfiant. Dans un marché où la transparence est devenue une exigence, chaque détail compte.

Faux labels : la confiance des consommateurs disparait

Le système des labels a été construit patiemment, avec des années d’efforts pour instaurer de la confiance. Une appellation protégée, c’est la promesse d’un goût authentique, d’une origine garantie, d’un savoir-faire reconnu. Ce capital ne doit ainsi pas être dilapidé par des erreurs, qu’elles soient volontaires ou non.

Intermarché et Netto paient aujourd’hui une amende. Mais derrière la sanction, c’est un rappel adressé à toute la grande distribution. La rigueur n’est pas une option. Les logos colorés ne sont pas des arguments marketing comme les autres. Ils sont le sceau d’une confiance fragile. Et chaque condamnation pour faux labels fragilise un peu plus ce lien entre producteurs et consommateurs.

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