Dans ce lotissement tout neuf, vingt familles vivent depuis deux mois privées d’électricité, entre frustration et inquiétude.
Emménager dans une maison flambant neuve, c’est souvent l’aboutissement d’années d’efforts et de sacrifices. On imagine les premiers repas en famille, les soirées entre voisins, l’odeur du neuf qui donne l’impression de repartir à zéro. Mais à Fos-sur-Mer, la réalité a pris une tournure bien plus sombre. Derrière les façades encore immaculées, un lotissement privé d’électricité plonge vingt familles dans un quotidien digne d’un camping forcé, loin de la vie qu’elles avaient espérée.
Vivre sans lumière, ni confort, ni adresse officielle
Depuis deux mois, les habitants improvisent chaque jour pour pallier l’absence d’électricité. Certains chauffent de l’eau au gaz pour les douches, d’autres lavent leur vaisselle à l’eau froide. Marc, père de famille, raconte son désarroi : la cuisine ne sert presque à rien, et ce sont surtout les enfants qui subissent. Les douches glacées deviennent un rite douloureux, et l’ambiance dans la maison s’alourdit.
Alicia, elle, voit son fils s’installer dans la voiture pour brancher son ordinateur portable et faire ses devoirs. Le tableau ressemble davantage à une survie de fortune qu’à la vie confortable promise par ces nouvelles maisons. Plusieurs propriétaires décrivent une lassitude qui grandit, certains enfants refusant même de rester dans leur nouveau foyer. Ce lotissement donne l’impression d’être abandonné par les acteurs censés garantir un minimum de confort.
Pire encore, les problèmes s’accumulent. Les premières pluies ont déjà provoqué des infiltrations d’eau dans certaines habitations. Les familles n’ont pas non plus d’adresse officielle. Impossible d’accomplir les démarches administratives les plus basiques. Tout est suspendu à une date : le 6 octobre, jour où la mairie doit attribuer enfin des numéros aux maisons. Entre-temps, les habitants se débrouillent, coincés dans une situation qui semble absurde.
Une histoire d’accords bloqués et de responsabilités partagées
Au cœur du problème, une bataille administrative et financière. Pour être raccordé, un lotissement doit obtenir un certificat. Or, ici, rien n’a été validé. Selon la mairie, le promoteur SAS Provence Lotissements n’aurait pas averti clairement les acheteurs qu’il se trouvait en pleine renégociation tarifaire avec Enedis. Une phrase technique, mais aux conséquences terribles : sans accord, pas de courant. Le directeur de cabinet du maire confirme que les propriétaires ont découvert trop tard ce blocage. Le promoteur, contacté par TF1, a choisi de ne pas commenter.
La municipalité promet que le raccordement sera effectif à partir du 15 septembre. Mais après deux mois d’attente et de promesses, la confiance est déjà entamée. Ces familles, qui ont tout investi dans leur maison, se sentent piégées entre des procédures opaques et des retards qui s’enchaînent. Le lotissement privé d’électricité est devenu le symbole d’un système où les habitants payent les erreurs des autres.
Au-delà des chiffres et des dossiers, il y a des vies suspendues. Des familles qui cuisinent à la hâte, qui se couchent à la lueur de lampes de fortune, qui affrontent chaque jour un mélange de colère et de résignation. Leurs maisons, censées être des refuges, ressemblent à des coquilles vides. Et si le raccordement arrive bientôt, il restera la trace d’une expérience marquée par l’amertume. Car on n’oublie pas si facilement deux mois passés à vivre comme en camping, dans un lotissement privé d’électricité où tout aurait dû respirer la modernité.