« On a sabordé le travail de mon père durant plus de vingt ans » : le cri du cœur d’Emily, fille de Gilbert Bécaud

Elle hérite du droit moral de l’œuvre paternelle et découvre un chantier immense à relever désormais.

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Ce dimanche 14 septembre 2025, Emily Bécaud dénonce sur Facebook l’oubli progressif des œuvres de son père.

Il y a des noms qui résonnent encore dans la mémoire collective, et pourtant s’effacent peu à peu du quotidien médiatique. C’est ce constat amer qui pousse Emily Bécaud, l’une des filles du chanteur, à élever la voix. Elle hérite du droit moral, mais surtout d’une mission : raviver la place de son père dans le paysage musical français. Car si le public garde une tendresse intacte pour Gilbert Bécaud, les ondes et les écrans, eux, semblent l’avoir relégué dans l’ombre.

Gilbert Bécaud : une voix qui manque dans les médias

Vingt-quatre ans après la disparition du chanteur, surnommé « Monsieur 100 000 Volts », Emily dit sa blessure. Sur Facebook, elle partage sa douleur face au silence des radios et des télévisions. « Papa n’a pas la place qu’il mérite au Panthéon de la chanson française », écrit-elle. Elle avoue ne pas comprendre pourquoi ses chansons, reprises par les plus grands, ne trouvent plus leur place dans les programmations.

Les chiffres parlent pourtant pour lui. Ses titres, de Nathalie à Et maintenant, ont traversé les frontières. Frank Sinatra, Elvis Presley, Nina Simone, Bob Dylan ou encore Shirley Bassey les ont chantés. Dans le cinéma récent, ses mélodies se glissent dans L’Amour ouf ou Monsieur Aznavour. En France, Vianney, Florent Pagny, Lara Fabian, Anne Sila ou Catherine Ringer n’ont cessé de réinterpréter ce répertoire. À l’étranger, Johnny Depp, Jeff Beck, Fayrouz ou Mario Pelchat ont aussi rendu hommage à ce monument. Et pourtant, malgré cette reconnaissance éclatante, Gilbert Bécaud semble absent des playlists actuelles.

Emily reçoit de nombreux messages de fans, qui lui demandent pourquoi son père a disparu des médias. Elle précise avec franchise : ce n’est pas elle qui décide. Chaque fois qu’on la sollicite, elle répond présente. Mais le reste dépend des radios, des programmateurs, de ceux qui construisent la mémoire collective à travers leurs choix.

Le poids d’un héritage compliqué

Depuis 2022, Emily détient le droit moral sur l’œuvre de son père. Elle prend cette charge comme un devoir plus qu’un privilège. À ses côtés, sa mère, son fils Max, quelques proches, une petite équipe soudée. Ensemble, ils tentent de réparer un travail qui, selon elle, a été saboté pendant vingt ans. Car l’héritage de Gilbert Bécaud a longtemps été synonyme de conflits familiaux.

Après sa mort en 2001, ses enfants, issus de trois unions, se sont déchirés. Sa dernière épouse, Kitty Saint John, contestait la gestion du droit moral confié à Gaya, le fils aîné. La justice avait fini par lui donner raison en 2016. À la mort de Gaya en 2022, Emily a repris la mission. Depuis, elle multiplie les actions pour remettre en lumière le répertoire de son père. Elle parle de « soulever des montagnes », expression qui traduit bien l’énergie et l’émotion derrière sa démarche.

Dans ce rôle, il n’y a pas seulement de l’admiration filiale. Il y a la volonté d’éclairer un pan entier du patrimoine français, celui d’un artiste qui a façonné la chanson au même titre que Piaf ou Aznavour. Emily le rappelle avec force : son père mérite mieux qu’un silence gêné, il mérite une reconnaissance durable.

Vers un centenaire attendu

Deux dates approchent, et Emily Bécaud y voit une occasion en or pour réinscrire son père dans le cœur du grand public. 2026 marquera les 25 ans de sa disparition, et 2027 le centenaire de sa naissance. Elle promet déjà « le plus beau des centenaires », et appelle les fans comme les professionnels à se mobiliser.

Pour elle, ces anniversaires ne sont pas seulement des commémorations. Ils doivent être un tremplin, une manière de replacer Gilbert Bécaud là où il doit être : au sommet d’un Panthéon musical où son nom brille aux côtés des légendes. Emily interpelle directement les radios et les télévisions. C’est à elles, dit-elle, de prendre la responsabilité de remettre cette œuvre en avant. Le public est prêt, les preuves d’amour sont là, mais il faut une volonté éditoriale pour relancer la diffusion.

Son appel résonne comme un cri du cœur, mais aussi comme un projet concret. Car derrière chaque mot se dessine un objectif clair : rendre à son père la lumière qu’il mérite. Et rappeler que la mémoire d’un artiste ne tient pas seulement dans les disques ou les hommages ponctuels. Elle s’entretient, elle se transmet, et elle vit dans chaque note entendue.

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