Dominique de Villepin surprend sur M6 : il soutient la fin des avantages réservés aux anciens Premiers ministres.
Les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres et membres du gouvernement font toujours débat. Certains y voient une tradition républicaine, d’autres une aberration coûteuse. Ce dimanche, Dominique de Villepin a surpris en prenant clairement position. Pour lui, les avantages des anciens ministres n’ont plus leur place dans une société qui cherche à rétablir un minimum de justice sociale.
Quand un ancien Premier ministre appelle à l’exemplarité
Invité du 20h, Dominique de Villepin n’a pas mâché ses mots. Avec son style direct, il a répété à plusieurs reprises qu’il fallait supprimer toutes les formes de privilèges. Il s’est dit favorable à une remise à plat totale, et pas seulement pour les Premiers ministres. « On peut dire la même chose pour les présidents de la République », a-t-il insisté.
Son message est clair : les responsables politiques doivent montrer l’exemple. Lui-même qui n’a pas renoncé à ses propres droits. Et ce, contrairement à Jean Castex. Mais il affirme que l’époque a changé. Et que la société ne peut plus tolérer des privilèges hérités d’une autre ère. Voiture de fonction, chauffeur, secrétaire particulier… ces facilités sont financées par les contribuables. Et bien évidemment, elles alimentent le malaise. La remarque de Villepin résonne d’autant plus qu’elle intervient après les déclarations de Sébastien Lecornu. Ce dernier qui a promis de mettre fin à ces avantages « accordés à vie ».
Aujourd’hui, 13 anciens Premiers ministres bénéficient encore de ce système. En 2024, la facture a dépassé 1,58 million d’euros, sans compter la protection policière qui peut porter le total à 4,5 millions. Ces chiffres, sortis des services de Matignon, illustrent le poids réel de ces privilèges. De quoi nourrir le débat sur les avantages des anciens ministres, dont la légitimité est de plus en plus contestée.
Avantages des anciens ministres : poids budgétaire et question de la justice
Derrière le débat symbolique se cache une question plus vaste : celle de la justice sociale dans un contexte budgétaire tendu. Dominique de Villepin l’a rappelé avec insistance : un budget doit être clair, lisible et juste. Il faut de la rigueur, mais aussi de l’équité. Il évoque les ambitions fixées par François Bayrou, jugées trop élevées, et appelle à plus de réalisme. Pour lui, l’équilibre pourrait se situer autour de 30 milliards, pas davantage.
Ce n’est pas seulement une affaire de chiffres. L’ancien Premier ministre parle de rétablir la confiance entre l’État et les citoyens. Et dans cette logique, il estime que mettre fin aux avantages des anciens ministres serait une preuve concrète d’exemplarité. Le signal envoyé compte autant que l’économie réalisée. La suppression de ces privilèges serait l’occasion de montrer que les responsables politiques ne vivent pas dans une bulle, coupés du quotidien des Français.
Le sujet touche une corde sensible : la fracture entre la population et ses dirigeants. Chaque scandale, chaque privilège mis en lumière accentue le sentiment d’injustice. Dominique de Villepin ne fait que verbaliser une évidence : pour retrouver la confiance, il faut rompre avec ces symboles d’un autre temps.
Une question politique, mais aussi morale
Au-delà des chiffres et des déclarations, le débat autour des avantages des anciens ministres soulève une interrogation plus profonde : quelle République voulons-nous ? Celle qui entretient à vie ses anciens dirigeants ou celle qui leur demande de redevenir des citoyens comme les autres ?
Le propos de Dominique de Villepin a une portée symbolique forte. Lui qui a longtemps incarné les codes et les usages du pouvoir plaide aujourd’hui pour leur abandon. Une position qui tranche avec certains de ses pairs, attachés à leurs droits acquis. Son appel rejoint un sentiment largement partagé dans l’opinion publique : l’exemplarité doit commencer au sommet.
À l’heure où le budget de l’État est scruté dans ses moindres détails. Où chaque euro dépensé fait débat. La question de ces privilèges devient impossible à éluder. L’ancien Premier ministre le sait. Et c’est sans doute ce qui donne du poids à ses propos. Son message dépasse la simple comptabilité : il touche à l’idée même de justice, d’égalité devant l’effort.
La suppression des avantages des anciens ministres ne résoudra pas les problèmes financiers du pays. Mais elle pourrait marquer un geste fort. Celui d’une rupture symbolique. Une manière de réconcilier un peu les citoyens avec leurs institutions. Et c’est peut-être précisément ce qu’il faut aujourd’hui.