Chaque 1ᵉʳ septembre apporte son lot de changements ; cette fois, les arrêts maladie durcissent pour lutter contre la fraude.
Qui dit rentrée dit surprises. Certaines se réjouissent, d’autres serrent la vis. Cette année, les arrêts maladie ne font pas exception. Dès le 1ᵉʳ septembre, une règle plus stricte s’impose à tous les prescripteurs. Le nouveau formulaire de l’arrêt maladie devient incontournable.
Une rentrée sous le signe du document unique
Depuis des mois, l’Assurance maladie prépare le terrain. Elle avait prévenu, laissé un délai, fait preuve de patience. Mais à présent, la tolérance s’achève. Tous les arrêts de travail doivent passer par un seul et unique support. Les versions papier classiques, celles qui traînaient encore dans certains cabinets, ne valent plus rien. Elles seront systématiquement renvoyées au médecin pour être refaites avec le bon modèle.
Le message est clair : seul le nouveau formulaire est valide. Plus question de jongler avec l’ancien formulaire 10170*07, encore utilisé ici ou là par habitude. Le changement s’applique partout, sans exception. Une révolution tranquille qui transforme le quotidien des praticiens et impose un nouveau réflexe aux salariés.
Ce document n’est pas qu’une formalité modernisée. Il embarque une technologie de vérification bien plus robuste. Sept points d’authentification sont intégrés : hologramme, encre magnétique, papier spécifique, code unique, QR code… Autant de détails invisibles pour le patient, mais essentiels pour contrer les faussaires. Le papier devient presque une pièce d’identité médicale.
Arrêt maladie : un nouveau formulaire pour lutter contre…
Derrière cette réforme, une réalité dérangeante : la fraude explose. Les chiffres prouvent tout. En 2023, les fraudes aux indemnités journalières coûtaient déjà 17 millions d’euros. En 2024, le montant grimpe à 42 millions. Une hémorragie financière que la Sécurité sociale ne peut plus ignorer.
Avec l’ancien système, un arrêt papier se falsifiait presque comme une attestation de cantine. Scanner, modifier, photocopier, partager… Sur certains réseaux sociaux comme Telegram ou Snapchat, de faux arrêts circulaient en masse. Des filières organisées s’étaient spécialisées dans ce petit commerce discret, mais très rentable. La CNAM l’avait reconnu : sans renfort de sécurité, repérer un faux relevait du casse-tête.
Le nouveau formulaire vise précisément à couper court à ce trafic sur les arrêts maladie. Impossible désormais de fabriquer un faux en deux clics. Chaque détail technique agit comme une barrière. Pour l’employeur et la caisse, le document devient plus lisible, plus fiable. Pour les fraudeurs, le terrain de jeu se rétrécit brutalement. L’Assurance maladie veut assécher cette économie parallèle qui coûte des dizaines de millions par an.
Dans ce contexte, la dématérialisation prend encore plus d’importance. L’Assurance maladie le répète : la transmission directe à la CPAM reste la norme. Ce qui circule par voie numérique, via les logiciels des praticiens, limite déjà beaucoup les manipulations. Le papier n’est plus qu’un support secondaire, destiné à ceux qui en ont vraiment besoin.
Une transformation qui change les habitudes
Les médecins, eux, s’adaptent. Certains utilisaient déjà ce support sécurisé depuis septembre 2024. Pour eux, rien de nouveau. Mais pour d’autres, le passage est plus rude. Plus de stock d’anciens formulaires, plus de bricolage. Chaque arrêt doit s’aligner sur les nouvelles règles. La transition prend parfois la forme d’un agacement, mais la profession reconnaît aussi l’enjeu : protéger le système et éviter que des fraudeurs ne grignotent les ressources collectives.
Pour les patients, ce changement reste discret. On présente le papier au travail, on déclare son absence, et c’est tout. Mais derrière ce geste banal se joue une bataille bien plus large : celle de la confiance. Un arrêt de travail, c’est une garantie sociale. Si l’outil est fragilisé, tout le monde en paie le prix. D’où la nécessité de verrouiller le processus.
La date du 1ᵉʳ septembre marque la fin d’une ère. L’ancien formulaire 10170*07 appartient désormais au passé. Place au nouveau formulaire de l’arrêt maladie, pensé comme un rempart. Plus qu’un bout de papier, c’est une arme administrative contre la fraude, une façon de rappeler que la solidarité a ses règles. La mesure peut sembler rigide, mais elle protège un bien précieux : la confiance dans notre système de santé.
Et au fond, ce n’est pas seulement une histoire de formulaires. C’est un rappel : chaque droit s’accompagne de devoirs. Les arrêts de travail ne sont pas qu’une formalité. Ils incarnent un équilibre fragile entre solidarité et responsabilité.