Les vacances d’enfance de Guy Richeux ressemblent à un film en noir et blanc qu’on revoit avec tendresse. Les images reviennent en désordre : un café animé, des chambres modestes, le bruit des verres posés sur le zinc. Dans le décor, il y a surtout les rires, la chaleur des habitués, l’odeur de la cuisine simple, mais généreuse. Ce n’était pas des vacances de repos, mais elles portaient une joie unique.
Les vacances d’enfance de Guy Richeux
Dans les années 1950, le petit village de Sains, en Ille-et-Vilaine, s’animait dès que revenait l’été. Le Soleil Levant, l’hôtel-restaurant-café-épicerie tenu par la mère de Guy, servait de point de ralliement. Les familles de Paris débarquaient avec leurs valises, souvent des ouvriers venus respirer à la campagne. Leur seul luxe : le calme, la bonne chère, l’habitude de retrouver les mêmes visages d’une année sur l’autre. Les journées suivaient un rituel immuable. Le journal au petit matin, l’apéritif vers onze heures, le déjeuner copieux, puis une sieste réparatrice. Après, place aux boules, aux promenades, aux sorties jusqu’à Saint-Malo ou Cancale pour les plus équipés. Le soir, la terrasse se remplissait. On sortait le digestif, les enfants jouaient au ballon dans la rue, les adultes discutaient longuement. À la fin du séjour, les tables s’alignaient, les voix montaient, les verres se vidaient. Les chants concluaient la fête, comme un serment de se retrouver l’année suivante. Derrière cette routine, les vacances d’enfance de Guy Richeux se gravaient, discrètement, dans la mémoire du gamin qui observait tout.
Le travail qui faisait partie du jeu
Guy n’était pas simple spectateur. Très tôt, il avait appris à servir un verre de vin, à vendre un paquet de tabac ou à couper de la chique. À dix ans, il rejoignait déjà l’équipe du service. Il préférait porter les plats plutôt que frotter la vaisselle sous l’œil sévère d’une vieille aide boiteuse. Ce rôle au restaurant lui offrait un privilège : discuter avec les « Parigots », glisser une phrase par-ci, recevoir un pourboire par-là. Cela l’éloignait aussi des corvées interminables. Quand des clients imprévus débarquaient, il enfourchait son vélo, puis son Solex, pour courir chercher pain, viande ou produits manquants dans les villages voisins. Ses frères et sœurs aidaient aussi, mais chacun avait son domaine. Lui restait le petit serveur curieux, toujours aux aguets, heureux d’échanger avec les vacanciers. Dans le regard du jeune garçon, les vacances d’enfance de Guy Richeux se teintaient d’une forme d’école de la vie. Le travail s’imposait, mais il portait aussi des moments de liberté et de fierté.
Le goût du privilège
Quand les pensionnaires rentraient chez eux, Guy retrouvait enfin un peu de répit. Quelques semaines lui restaient pour souffler ailleurs. Ses plus beaux souvenirs naissent alors à Paramé, près de Saint-Malo, chez un vieux couple de la famille. La plage de Rochebonne devenait son terrain de jeu, l’océan son allié fidèle. Ces parenthèses maritimes offraient une liberté qu’il n’avait pas au village. Le contraste renforçait le sentiment d’être chanceux. L’époque obligeait les enfants à aider, parfois de façon rude, mais lui voyait dans cette vie une richesse. Ses camarades, fils de cultivateurs, passaient aussi leur été à travailler, souvent sans la diversité ni les rencontres qu’offrait l’hôtel. Ce décalage l’a marqué. Dans sa mémoire, les vacances d’enfance de Guy Richeux ne ressemblent pas à des corvées, mais à une mosaïque de visages, d’odeurs, de paysages et de petites libertés arrachées au quotidien. Il en parle aujourd’hui avec la gratitude de celui qui sait avoir vécu une jeunesse exigeante, mais pleine.
Quand la mémoire devient récit
Ces souvenirs, il les transmet comme on confie un trésor. Il se revoit derrière le comptoir, il entend encore les discussions animées des vacanciers. Les chansons résonnent, les boules claquent sur la place, le goût du cidre se devine presque. Les images n’ont rien perdu de leur intensité. Elles appartiennent à un monde disparu, mais elles survivent dans la mémoire de celui qui les a vécues. Les vacances d’enfance de Guy Richeux racontent une époque où le confort n’avait pas d’importance. La convivialité, le partage, l’effort et la simplicité suffisaient à donner du sens. Derrière les anecdotes, on sent la fierté d’un enfant devenu homme en servant à table et en pédalant jusqu’au village voisin. Ces récits ne se contentent pas de décrire un passé, ils rappellent que certaines valeurs traversent le temps. Et c’est peut-être ça, la vraie richesse : avoir grandi dans un été où tout comptait, même les tâches les plus banales, parce qu’elles construisaient déjà un regard sur la vie.