Ce samedi 9 août, la déviation des bouchons de l’A75 a pris une tournure inattendue pour des dizaines d’automobilistes coincés sur l’axe entre Lodève et le tunnel du Pas de l’Escalette. Les GPS ont proposé une échappatoire séduisante : quitter l’autoroute, passer par de petites routes secondaires et gagner du temps. Sur le papier, rien de plus simple. En réalité, c’est une tout autre histoire. Des voitures se sont retrouvées à emprunter un chemin de vigne, étroit, cabossé, et totalement inadapté à un flot de circulation. Au final, la maire de Soubès a décidé de réagir, pour éviter qu’une improvisation numérique ne se transforme en véritable danger.
La déviation des bouchons de l’A75
Tout commence avec un scénario bien connu des vacanciers : un samedi d’été, l’autoroute A75 saturée, et des kilomètres de file dans la montée vers le Pas de l’Escalette. Les conducteurs, guidés par Waze ou Google Maps, se laissent tenter par une alternative présentée comme plus rapide. La fameuse déviation des bouchons de l’A75 passe alors par Soubès, via la RD25, puis par Pégairolles-de-l’Escalette avec la RD149. Ces axes secondaires, bien que limités, restent praticables. Mais certains conducteurs vont plus loin et s’aventurent sur une voie beaucoup plus risquée : le chemin de la Lergue.
Ce chemin, qui dessert seulement une station d’épuration et deux habitations isolées, paraît correct au départ. Le bitume tient encore. Puis, au fil des kilomètres, la route se transforme en sentier de campagne. Revêtement irrégulier, passages étroits, virages serrés. Impossible d’imaginer le croisement de deux voitures. Pour les véhicules surbaissés ou un peu chargés, c’est même un vrai cauchemar. Sur quatre kilomètres, les conducteurs roulent dans des conditions qui tiennent plus du rallye amateur que de la circulation familiale.
Quand le GPS met en danger
En suivant aveuglément leur application, beaucoup ont ignoré que cette soi-disant déviation des bouchons de l’A75 ne menait pas seulement vers une perte de temps, mais aussi vers un danger réel. En cas d’accident, comment les pompiers auraient-ils pu intervenir sur ce chemin encaissé, à peine large pour une voiture ? Qu’aurait fait un dépanneur avec un camion sur une piste de vigne bordée de talus ? Et que dire de l’entretien, déjà compliqué pour une commune comme Soubès, confrontée à une voie mise à rude épreuve par un trafic pour lequel elle n’a jamais été conçue.
Prévenue du problème, la maire, Isabelle Périgault, a pris une décision ferme. Elle a choisi de fermer l’accès au niveau du gué de l’Oulette. Pas question de laisser un flot de touristes transformer une route agricole en échappatoire improvisée. Pour elle, la priorité reste claire : garantir la sécurité et protéger les habitants. Et si certains pestent contre ce choix, il faut rappeler que cette déviation improvisée n’avait rien d’officiel. Elle était surtout le fruit d’algorithmes insensibles aux réalités du terrain.
Un avertissement pour l’avenir
L’histoire de cette déviation des bouchons de l’A75 n’est pas qu’une anecdote estivale. Elle illustre un problème bien plus large : notre dépendance aux GPS et leur pouvoir d’orienter nos choix sans que l’on s’interroge. Les applications savent calculer un trajet rapide, mais elles ignorent si la route est adaptée au trafic qu’elles détournent. À chaque chassé-croisé de vacances, des villages tranquilles deviennent malgré eux des couloirs de transit. Des rues se retrouvent saturées, des parkings improvisés, des habitants excédés.
Cette mésaventure rappelle qu’un itinéraire suggéré n’est pas toujours une solution. Derrière l’écran d’un smartphone, il n’y a pas la réalité d’un virage étroit ou d’un revêtement défoncé. Et quand il s’agit de sécurité, le bon sens doit primer sur la promesse d’un gain de dix minutes. La déviation des bouchons de l’A75 restera sans doute dans les mémoires locales comme un épisode marquant. Mais elle servira aussi, espérons-le, de leçon collective : parfois, mieux vaut rester dans la file et avancer lentement que de risquer gros sur une route qui n’a jamais été faite pour ça.