« Le pistolet n’est pas raccroché » : le gérant d’une station-service dénonce l’arnaque qui a ciblé plusieurs de ses clients

Pourquoi cette arnaque fonctionne-t-elle encore ?

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Sur les aires d’autoroute bondées, là où des milliers de vacanciers s’arrêtent chaque été, une escroquerie bien rodée revient en force. Elle semble banale au premier abord : un inconnu pressé demande un petit service, une transaction minime qui paraît sans conséquence. Pourtant, derrière ce geste d’apparence anodine, se cache une arnaque à la pompe capable de vider le portefeuille des conducteurs imprudents.

Un scénario en apparence anodin

Selon un reportage de TF1 Info, des malfaiteurs ciblent des stations-service très fréquentées. Le procédé est simple : ils repèrent un automobiliste en train de faire son plein et l’abordent avec un billet en main.

Le discours est toujours similaire : « Pourriez-vous régler mon carburant avec votre carte bancaire ? Je vous rembourse tout de suite en espèces. » Le montant demandé est faible, souvent entre 5 et 10 euros, ce qui rassure la victime. Face à un inconnu poli et pressé, beaucoup acceptent, pensant rendre un simple service.

Une fois la transaction validée, tout semble en ordre : l’automobiliste repart, l’escroc remercie chaleureusement et rend les billets. Mais en réalité, la manipulation ne fait que commencer.

Le pistolet mal raccroché : le détail qui change tout

Le stratagème repose sur un geste volontairement négligé. Après la fausse transaction, le fraudeur laisse le pistolet de la pompe mal raccroché, juste avant le clic de verrouillage. De cette façon, la borne considère que la session est toujours active.

Résultat : il suffit de reprendre le pistolet et de continuer à servir du carburant, sans qu’aucune nouvelle carte bancaire ne soit insérée. La pompe délivre alors des litres et des litres d’essence, jusqu’au plafond fixé par la borne, généralement 150 euros.

L’automobiliste, déjà reparti sur l’autoroute, ignore que sa carte bancaire reste liée à l’opération. Ce n’est qu’en consultant son relevé ou son application bancaire qu’il découvre la mauvaise surprise : une facture salée qu’il n’a jamais vue venir.

Une méthode qui revient chaque été

Victor Marteau, gérant d’une station Avia à Ardentes (Indre), confirme la technique. Dans son établissement, il a vu des clients se faire piéger de cette manière. Pour lui, l’explication est claire : « Tant que le pistolet n’est pas raccroché correctement, la transaction reste ouverte. La pompe délivre alors du carburant à volonté, dans la limite du plafond. »

Chaque été, cette arnaque en station-service refait surface sur les grands axes, quand les vacanciers sont nombreux et souvent moins vigilants. Dans la foule, au milieu du bruit et de la fatigue du voyage, il suffit d’un instant d’inattention pour tomber dans le panneau.

Un piège qui s’ajoute à d’autres arnaques de vacances

Ce type de fraude n’est pas isolé. D’autres stratagèmes existent sur la route :

  • L’arnaque à la « péruvienne » : un complice signale une tâche suspecte sur la carrosserie pour détourner l’attention, pendant qu’un autre vole des effets personnels.

  • Le pneu crevé provoqué : les escrocs crèvent volontairement un pneu pour contraindre l’automobiliste à s’arrêter, puis proposent une fausse aide.

  • Le rétroviseur prétendument cassé : une personne accuse un conducteur de l’avoir endommagé, exigeant un dédommagement immédiat en espèces.

  • La fausse dépanneuse : de faux professionnels apparaissent après une panne pour facturer des sommes exorbitantes.

Toutes ces pratiques exploitent le stress et la précipitation des vacanciers. La station-service reste un lieu stratégique pour les arnaqueurs, car chacun s’y arrête, parfois pressé, souvent fatigué.

Comment éviter de tomber dans le piège ?

Face à ces escroqueries, quelques réflexes simples permettent de réduire considérablement les risques :

  1. Raccrocher correctement le pistolet : assurez-vous toujours d’entendre le clic final, signe que la session est bien terminée.

  2. Vérifier l’écran de la borne : avant de repartir, contrôlez que la transaction est clôturée et qu’aucun litre supplémentaire n’est comptabilisé.

  3. Demander systématiquement un ticket : ce document sert de preuve en cas de contestation auprès de la banque.

  4. Refuser les échanges en espèces : même pour un petit montant, ne cédez jamais à la demande d’un inconnu pressé.

  5. Rester près de son véhicule : ne laissez pas la pompe sans surveillance, surtout dans les stations bondées.

  6. Prévenir le personnel ou la police : en cas de doute, avertissez immédiatement l’agent de station ou composez le 17.

Ces gestes simples permettent de conserver la maîtrise de sa transaction et d’éviter une facture indésirable.

Pourquoi cette arnaque fonctionne-t-elle encore ?

La réussite de cette escroquerie repose sur trois leviers psychologiques :

  • La confiance spontanée : beaucoup pensent rendre service pour une somme dérisoire.

  • La pression du temps : l’escroc se montre pressé, donnant l’impression qu’il s’agit d’un imprévu banal.

  • L’illusion de sécurité : le remboursement en espèces donne une apparence d’honnêteté.

Ce mélange de précipitation et de manipulation suffit à faire baisser la vigilance, surtout en période estivale où l’esprit est tourné vers les vacances plutôt que vers la méfiance.

Des gestes simples pour rester maître de son plein

L’été est une période propice aux escroqueries routières, mais la prévention reste l’arme la plus efficace. Un simple regard attentif, un pistolet bien raccroché et un refus poli d’intermédiaires suffisent à déjouer le piège.

Comme le rappelle Victor Marteau, « dans une station-service, une seconde d’inattention peut coûter très cher ». Mieux vaut donc prendre le temps de vérifier, même quand la route est longue et les kilomètres nombreux.

En gardant ses réflexes, en fermant chaque transaction et en refusant les propositions suspectes, chacun peut voyager plus sereinement. Car sur l’autoroute, la prudence protège non seulement son argent, mais aussi sa tranquillité d’esprit.

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